Cessez-le-feu en Libye : Haftar se rebiffe et dit «niet», Erdogan menace

Cessez-le-feu en Libye : Haftar se rebiffe et dit «niet», Erdogan menace

Même l’inusable et l’infatigable Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, avait envie que l’interminable conclave sur le cessez-le-feu libyen se termine de même que son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu car après 7 heures de réunion avec les 2 frères ennemis Sarraj et Haftar, il fallait se rendre à l’évidence : c’est l’échec ! Si un aggiornamento a été conclu pour «maintenir indéfiniment la cessation des hostilités», on est loin du cessez-le-feu promis par les différents protagonistes.

Le leader de Tripoli, premier ministre du GNA a bien signé le cessez-le-feu dans la capitale russe, mais son adversaire lui, après avoir dit qu’il se donnait un temps de réflexion, a tout simplement repris son avion pour rejoindre son QG de guerre à l’Est de la Libye, sans apposer sa signature au bas du  document. Pour aller consulter ses hommes dit-on. Il n’y a pas eu à proprement pas parler de cessez-le-feu en Libye, car aucun document matérialisant cet engagement n’existe.

Haftar s’est rebiffé et malgré justement le lieu où se tenait cet aparté, en Russie, qui est un de ses supporters dans cette guerre, et malgré, on le devine, les assurances de Lavrov, Haftar a dit «niet».

Cette rebuffade de «l’homme de la Cyrénaïque» et désormais de Syrte qu’il a conquis récemment serait liée aux «35 militaires turcs» envoyés par Ankara en Libye, puisque malgré le vote du parlement de ce pays, et sous la bronca de pays européens, Erdogan a avoué que  ce n’est qu’une trentaine de militaires. Ce qui reste à vérifier. Car si c’est le cas, pourquoi le président turc menace Haftar de représailles, s’il reprenait les attaques contre son protégé Sarraj ? « Nous n’hésiterons pas à punir Haftar» a martelé le président turc. Enfin, le refus de Haftar trouve peut-être une explication, dans le fait que les uns et les autres, Sarraj en premier exigent que ses soldats desserrent l’étau autour de Tripoli, encerclé depuis les premières salves guerrières en avril dernier. Ou peut-être que Sarraj en refusant de s’asseoir sur la même table que lui l’a frustré…

C’est donc un camouflet et pour Poutine et pour Erdogan, qui avaient pesé de tout leur poids pour que les 2 adversaires promettent et signent cet armistice temporaire.

Surtout, on imagine que Poutine a dû prendre ce rétropédalage de Haftar comme un crime de lèse-majesté a moins que tout ceci ne soit un théâtre d’ombres savamment monté comme l’est d’ailleurs la situation en Libye !

En effet, la Communauté internationale a fait chorus derrière Sarraj, et pourtant paradoxalement, Tripoli peine à trouver des armes, alors qu’Haftar lui en a bénéficié. Qu’est-ce qui prouve que cette communauté, disons l’UE n’a pas commencé imperceptiblement à tourner le curseur sur Haftar ? Car sauf la France, la Russie, les Emirats, les Egyptiens qui le font plus ou moins ouvertement, chacun, soutient le GNA de Tripoli, mais n’en pense pas moins que Haftar fait l’affaire de tout le monde.

On peut aussi et à juste titre penser que comme on le dit « qui trop étreint mal embrasse», et justement comme l’a laissé entendre Ghassan Salamé, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, la pléthore d’intervenants dans ce brûlot, post-Kadhafi inhibe et hypothèque les chances d’aboutir à une paix durable. Or dans ce dossier, l’intrusion de la Turquie, ( et la Russie qui abat au fur et à mesure ses cartes), n’est pas sans irriter les autres puissances, qui n’entendent pas qu’on vienne empiéter sur une plate-bande, dont elles gardent jalousement la gestion. Autant dire que le sommet international de Berlin consacré au processus de paix en libye de ce dimanche 19 janvier risque de brasser des moulinets,  car on est toujours à la case départ : Haftar renâcle, il reste sur le sentier de la guerre, or sur le terrain, il semble avoir une certaine suprématie sur Sarraj .

Sam Chris

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