Décès de Mohamed Morsi en Egypte : La seconde mort des Frères musulmans

Décès de Mohamed Morsi en Egypte : La seconde mort des Frères musulmans

Le Qatar et la Turquie sont tristes. Mohamed Morsi n’est plus. Il est finalement mort en prison, Mohamed Morsi, l’éphémère président de l’Egypte. Le seul président aussi à n’avoir pas enfilé un treillis avant de monter au pouvoir. Le seul président démocratiquement élu, une parenthèse ouverte entre Hosni Moubarak et Abdel Fatah Al-Sissi. Il avait 67 ans, mais était parvenu après l’interminable règne d’Hosni Moubarak, et le printemps de la place Tahrir à se faire oindre par les urnes en 2012. Grâce aux ennemis jurés du raïs déchu, les Frères musulmans, lesquels frères seront mâtés par le maréchal Al-Sissi, qui confisquera le pouvoir.

Même en prison, le président issu des Frères musulmans n’avait pas sa langue dans sa poche, éructant contre ses tombeurs et promettant un retour de ses partisans. Peu probable avec Al-Sissi sur le fauteuil présidentiel. Certes, Morsi lors de son bref passage à la magistrature suprême, n’a pas pu juguler l’insécurité, ni apporter des réponses adéquates aux Egyptiens. Mais, il avait été élu.

Les condoléances vont-elles s’exprimer dans le carré présidentiel ? Il s’agit tout de même d’un ancien chef d’Etat !  Peut-être. Mais il ne faut pas s’attendre à plus. Si on veut être cynique, on aurait même pu dire que c’est une suite logique de ce qui s’est abattu sur Morsi et sa confrérie depuis que le premier s’est imaginé devenir chef d’Etat. Remportant avec brio la présidentielle en 2012, il va ensuite être curieusement rattrapé par la grogne sociale. Une vague populaire sur laquelle se hissera opportunément l’armée égyptienne pour le déshabiller de son habit démocratique, et le jeter ensuite en prison.

Avec lui, des milliers de Frères musulmans subiront son sort. Ils connaîtront une forte répression pour finalement être affublés de l’opprobre suprême : les Frères musulmans, «organisation terroriste». C’est donc leur existence en tant qu’entité qui est simplement reniée par l’Egypte des anti-islamistes, engluée dans la boue de la guerre des grands.

Le nombre de dossiers judiciaires qui ont dégringolé sur le «prisonnier» tel une armoire pleine de livres qui s’écroule témoigne de ce fait.  Il lui a notamment été reproché  une affaire d’espionnage pour l’Iran, le Qatar et des groupes militants comme le Hamas à Gaza. Il a également été accusé de fomenter des actes de terrorisme. Comment, dans ce cas, ne pas voir les tentacules du bras de fer qui oppose au bloc de trois pays cités plus haut, celui des Emirats Arabes Unis foncièrement opposé aux islamistes et aux prises dans le bourbier du Yémen ?

Mohamed Morsi a-t-il été esquinté par le diabète, l’hypertension, ses 67 ans, ses conditions de détention jugées très draconiennes ou plutôt par un monstre d’intérêts et de calculs géopolitiques ? La question mérite d’être posée. Mais est-ce vraiment nécessaire ?

En attendant, sur les radios et télévisions égyptiennes, les condamnations contre les Frères musulmans constituent le «doa» pour le défunt. Le Qatar et la Turquie peuvent soupirer de tristesse. La vie continue au pays de Abdel Fatah Al-Sissi. Et les ténèbres ne sont pas près de s’effilocher pour les Frères musulmans. Et c’est une seconde mort pour les Frères musulmans, après la 1ère que fut la perte du pouvoir en 2013.

Ahmed BAMBARA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR