Fayez Al-Sarraj à Paris : Ah la diplomatie !

Fayez Al-Sarraj à Paris : Ah la diplomatie !

En l’espace d’une semaine, Fayez Al Sarraj s’est transformé, en globe-trotter, question d’aller quêter d’assistance aux têtes de proue de la fameuse Communauté internationale.

Les grands de ce monde auront-ils une oreille attentive à celui qui tient la Libye «officielle ?». Diplomatiquement oui ! Sur le terrain non !

Dans ce périple européen, l’étape française était de loin la plus attendue, pour des raisons évidentes. En effet, dans l’attelage bicéphale qui cornaque la Libye postkadhafienne, officiellement la communauté internationale, ce tic de langage selon le mot de Hubert Védrine, l’ancien ministre français des affaires étrangères, cette communauté internationale roule pour Sarraj Al-Fayez.

Mais en réalité, sur le terrain, c’est son ennemi juré, le maréchal Haftar, qui a le soutien réel de la même communauté américano-européenne, pour appeler un chat, un chat.

En particulier, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) est venu demander des comptes à la France, soupçonnée de jouer la carte Haftar.

Démenti de Macron, la main sur le cœur qui a réitéré le soutien de la France à Sarraj et qui a condamné les salves de Haftar contre tripoli. C’est ce qu’on appelle discours diplomatique, cette diplomatie, animal à sang froid, qui se déploie avec calcul, même quand c’est chaud.

On savait que les mouvements corporels de la communauté internationale étaient fortement motivés par les intérêts des composantes de cette communauté. Des intérêts politiques, géostratégiques, économiques et des intérêts tout aussi inavouables. Mais les composantes prenaient le plus souvent le soin de mettre un vernis sur leur attitude, histoire de ne pas trop dévoiler leurs appétences, leurs appétits et convoitises. Ce sont les circonlocutions diplomatiques

Et dans ce langage enrobé, la communauté internationale excelle, quitte à louvoyer et à souffler le chaud et le froid. C’est la communauté internationale qui a conseillé, soutenu, encouragé et porté presque  à bout de bras Fayez Al-Saraj. Ce sont aujourd’hui les mêmes qui confirment qu’ils soutiennent aussi, sinon surtout, le Maréchal Khalifa Haftar. Le voile des intérêts s’est penché dans la direction où souffle le vent du pétrole. Cette manne noire n’a pas encore cessé de faire ses malheurs, ses malheureux et ses désabusés comme Fayez Al-Saraj. Macron a rassuré Sarraj, façon de parler car ce dernier pour toute réplique a demandé à la France de «clarifier sa position».

Mais le même Sarraj doit aussi comprendre, que face à son incapacité à pacifier le pays, pris en tenaille entre les différentes milices, Occidentaux, Américains et même Africains ont besoin d’un homme fort capable de fédérer, à tout le moins apporter un semblant de paix en Libye pour le service après-vente, mais aussi pour circonscrire la menace djihadiste et le péril migratoire. Car de la Tripolitaine à la Cyrénaique en passant par le Fezzan, Sarraj n’en mène pas large.

De ce fait, les Etats européens luttent aussi pour préserver leurs frontières de «l’invasion migratoire». Elle est perçue comme un fléau par ces pays qui luttent pour maintenir à flots leur économie prise dans la bourrasque de la morsure de la crise économique. Il leur faut donc un dirigeant fiable, assez fort et  qui pourra vite leur assurer le minimum de sécurité.

Quitte à fermer les yeux contre les agressions du Maréchal Khalifa contre Tripoli. Quitte à ne pas voir le presque millier de morts sous les décombres de Tripoli en moins d’un mois d’affrontements. Quitte à raccompagner Fayez Al-Sarraj à l’aéroport, pour un exil avec des formules poliment diplomatiques. Mais sans réelle portée. Ainsi va la realpolitik, fille de la diplomatie.

LA REDACTION

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