Hauts responsables africains contaminés par le coronavirus : Fin d’un tabou et accentuation de la lutte anti-Covid-19

Hauts responsables africains contaminés par le coronavirus : Fin d’un tabou et accentuation de la lutte anti-Covid-19

S’il y a au moins des mœurs sanitaires qui ont connu un tournant copernicien grâce au coronavirus, c’est bien le tabou sur l’état de santé des ministres et hauts responsables africains.

Impossible d’aller en Europe en «mission», et profiter effectuer des check up médicaux ou pour soigner de simples bobos ou des maladies pernicieuses, du fait de la fermeture des frontières de l’espace Schengen.

Nos «haut de en haut» sont contraints de soigner le Covid-19 sur le sol du continent.

L’Europe surbookée médicalement, en espaces hospitaliers, en masques, en personnel médical et en respirateurs, l’Afrique doit compter sur elle-même.

D’où aussi la fin d’un tabou : un ministre, directeur général ou autre responsable malade, ça se sait désormais avec le coronavirus, même si l’on tente de cacher la chose. Plus question de chercher à dissimuler cette pathologie. Encore que chacun sait que même président, ministres, directeurs généraux, ils n’en demeurent pas moins de simples humains. Mais, ça fait politiquement bien de faire croire à l’imaginaire populaire qu’on est un surhomme, lorsqu’on accède à un poste de responsabilité et qu’on est immunisé contre la maladie. Le coronavirus est venu mettre fin à ce tabou.

Le Burkina, premier pays à enregistrer le 1er décès du coronavirus en Afrique subsaharienne, détient aussi dans cet espace géographique la palme du dévoilement d’un ministre qu’il a été testé positif : le 19 mars 2020, le prof. Stanislas Ouaro, titulaire du portefeuille de l’enseignement au Burkina avouait son test positif.

Il sera suivi par d’autres collègues, notamment celui des Affaires étrangères Alpha Barry (une polémique sur la date de sa maladie, avait passablement inondé la toile) de celui de l’Administration, Siméon Sawadogo et celui des Mines Oumarou Idani tous se sont auto-confinés pour débuter les soins appropriés. A la date d’hier d’ailleurs, Ouaro et Alpha étaient guéris.

En Côte-d’Ivoire, Hamed Bakayoko, ‘’Hamback’’ pour les intimes, ministre de la Défense avoue être en confinement depuis le 6 avril dernier, date de la découverte de sa positivité au test du Covid-19.

Son patron et dauphin officiel du président Ouattara, Amadou Gon Coulibaly vient d’émerger d’une quarantaine dans laquelle il s’était volontairement emmuré après avoir été en contact avec une personne infectée.

En Guinée-Conakry 2 ministres sont également touchés par le coronavirus : celui des travaux publics, Moustapha Naïté et Albert Danatang Camara de la Sécurité publique.

C’est la preuve qu’ils sont des hommes, et qu’il n’y a pas de mal à ce qu’ils tombent malades, même si sans le coronavirus, certains seraient passés à la postérité comme insensibles aux pathologies. Il n’y a pas de honte, ni de gêne à être malade, tout ministre qu’on est. Et jusqu’à preuve de contraire, la prémisse d’Aristote reste valable «Tous les hommes sont mortels».

Un tabou tombe, une chape de plomb saute qui n’est d’ailleurs pas l’apanage des Africains, comme l’a décrit le docteur Claude Gubler, médecin personnel du président François Mitterrand dans son ouvrage Le Grand secret.

Mais l’autre leçon de ces «grands» touchés par le Covid-19 et  obligés de soigner cette pneumopathie en Afrique, est qu’ils sont dedans, intramuros, et malades eux-mêmes, donc astreints à déployer tous les moyens nécessaires pour combattre le Covid-19.

Si d’aventure, certains responsables avaient eu la possibilité d’aller dans des hôpitaux européens pour se soigner, il était fort à parier que la croisade contre le Covid-19 aurait pris une autre allure, car c’est connu la maladie à la deuxième personne «Tu es malade» ou à la 3e «Il est malade» est différente de «Je suis malade».

A quelque chose donc malheur est bon, le coronavirus permettra, on l’espère de mieux s’occuper du département de la santé, ce grand corps malade lui-même dans nos nombreux pays africains .

Sam Chris

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