J-3 en Côte d’Ivoire : Drôle de désobéissance civile contre «ya foé»

J-3 en Côte d’Ivoire : Drôle de désobéissance civile contre «ya foé»

Dans 3 jours les 7 millions d’ivoiriens inscrits sur les listes électorales doivent en principe prendre d’assaut les urnes pour élire le président de la République. L’opposition à travers certaines figures iconiques telles Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan bien que prônant la désobéissance civile, qui a pris l’aspect d’un sabotage du processus, à travers empêchement de meetings, gêne dans la distribution des cartes d’électeurs et matériels électoraux, bien que jouant aux grands trublions ne boycottent pas le scrutin. Tandis que Ouattara et KKB sillonnent le Cavali, le Worodougou, les Savanes, le Denguelé … le président-sortant termine toujours par un «ya foé», il y aura élection apaisée! Drôle de désobéissance cicile contre une drôle d’assure.

 

Même certains proches des responsables politiques de l’opposition ne comprennent pas ce grand écart de Bédié et KKB : boycotter le scrutin du 31 octobre, sans pour autant boycotter ! Depuis plusieurs semaines, on en sait un peu plus sur cette désobéissance civile, dont les grands aspects consistent à troubler le déroulé du processus électoral.

Si Guillaume Soro depuis Paris a été péremptoire, en martelant qu’il n’y aura pas de vote le 31 octobre, les 2 retenus par le Conseil constitutionnel, restent moins catégoriques et semblent se réserver le droit d’y participer. Dans cette opposition qui semble unie, car ayant les mêmes griefs contre Ouattara, notamment, le 3e mandat jugé «anticonstitutionnel» et la radiation des listes électorales de Soro et Gbagbo, par la CEI, pour causes de condamnations pénales, dans cette opposition, on semble souffler le chaud et le froid.

La CEI et le Conseil constitutionnel sont dans la lorgnette de l’opposition qui les accuse d’avoir joué le jeu du pouvoir.

Malgré les appels de la Cour africaine des droits de l’homme, la diplomatie de le CEDEAO, les lignes n’ont pas fondamentalement bougé. Tout juste lepuvoir a-t-il consenti à revoir le cas de la CEI. Les gravissimes évènements de Dabou (11 morts) et ceux de Bougouanou, et cette guérilla urbaine qui affleure chaque jour sont symptomatiques d’une élection à haut risque au pays d’Houphouet-Boigny.

Certes, l’opposition clame, et Affi N’Guessan l’a répété le 25 octobre dernier qu’elle ne jouera pas au boutefeu, elle veut le retrait de Ouattara et une élection inclusive, comprendre à laquelle Gbagbo, Soro et recalés vont en être, mais comment va s’opérer cette espèce d’équilibrisme ?

Tandis que celle-ci cherche les voies et moyens pour délégitimer cette présidentielle, pour la rendre caduque, Ouattara continue ses tournées comme si de rien n’était, et n’a de cesse de répéter «ya foé» (y a rien en nouchi). Un président-candidat, qui s’il gagne est dans la légalité, stricto senso, car à l’heure actuelle, les 2 potentiels boycotteurs (Bédié et Affi N’Guessan) sont sur le bulletin unique, et même s’ils se retiraient, ils seront exposés dans les bureaux de vote pour le choix… des électeurs.

On a l’impression, que si ce 3e mandat de trop pour Ouattara est le casus belli pour la classe politique, la position pour le moins bancale de l’opposition l’a conduite dans un piège politique. Et d’ailleurs, cette opposition devrait trouver des réponses rapides à ses ouailles. Doivent-ils aller voter ce 31 octobre ? Si oui, dans lequel cas, il est temps de leur dire comment battre Ouattara dans les urnes, même si elle soupçonne un coup pendable de la part du pouvoir.

A 3 jours de la présidentielle ivoirienne, on est en présence d’une drôle de campagne, et d’un non moins drôle comportement de l’opposition.

Idrissa TRAORE

Envoyé spécial à Abidjan

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