KKB bombardé ministre de la Réconciliation en Côte d’Ivoire : Récompense pour un compromis ou une compromission ?

KKB bombardé ministre de la Réconciliation en Côte d’Ivoire : Récompense pour un compromis ou une compromission ?

C’est fait, Kouadio Konan Bertin, le dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement démocratique africain (PDCI/RDA) et candidat malheureux à la présidentielle du 31 octobre 2020, fait son entrée au gouvernement. L’information a été donnée dans la soirée du mardi 15 décembre 2020, par le ministre d’Etat, Secrétaire général du gouvernement Patrick Achi. C’est à travers un réaménagement gouvernemental que KKB, comme on l’appelle affectueusement du côté de la lagune Ebrié rejoint l’équipe gouvernementale. Avec lui, Vagondo Diomandé, qui hérite du poste de ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, en remplacement de Sidiki Diakité, décédé quelques jours avant la présidentielle de 2020.

Ce réaménagement intervient au lendemain de la prestation de serment du président Ouattara qui avait dans son discours d’investiture effleuré la question de la réconciliation nationale à laquelle il souhaite consacrer un portefeuille ministériel durant les cinq prochaines années. Sans être dans le secret des Dieux, cette nomination de KKB relevait du secret de polichinelle. Elle était même très attendue dans la mesure où l’ancien député de Port-Bouët, a été celui qui a donné une petite saveur à la victoire du candidat repêché du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), après le décès brutal d’Amadou Gon Coulibaly. En maintenant sa candidature en dépit des appels au boycott de son parti et des autres candidats, il avait participé à donner «un peu de crédit» à cette élection qui n’était qu’une formalité pour ADO dont la candidature faisait l’objet de violentes controverses. Du coup, KKB, qui avait brûlé la politesse à «son père», Henri Konan Bédié lors de la présidentielle de 2015 en violant le pacte scellé à Daoukro, confirme ce que l’on dit de lui aux bords de la lagune Ebrié : «Un homme difficile à cerner et imprévisible qui n’hésite pas à assumer sa position». En acceptant ramer à contre-courant de l’Opposition dont il est issu, Kouadio Konan Bertin avait rendu service à Alassane Ouattara qui se serait retrouvé comme un cavalier solitaire en route pour un mandat illégitime et controversé.

C’est donc une marque de reconnaissance qui vient d’être faite à KKB. Mais ce qui s’apparente à une récompense, est en même temps, une lourde charge sur ses épaules. Dans les prochains jours, le tout nouveau ministre en charge de la Réconciliation nationale aura pour mission de ramener les protagonistes autour de la table du dialogue véritable défi après les vagues de violences qui ont jalonné le processus électoral qui s’achève. Loin des discours politiques de la campagne, KKB devra manœuvrer pour décrocher une «paix des braves», entre ADO et son ex-allié HKB, reclus dans sa résidence privée à Daoukro depuis quelques semaines. La tâche est d’une immensité évidente que l’on se demande si l’enfant de Lakota aura le punch  et l’étoffe nécessaires pour l’accomplir. C’est connu, le pays de Felix Houphouët Boigny traine avec elle les hématomes et les meurtrissures de la crise postélectorale de 2011, à laquelle vient s’ajouter les récentes turbulences. L’urgence commande que l’on stoppe l’engrenage de la violence qui semble avoir pris pied dans ce pays jadis havre de paix. KKB est plus que jamais sur la brèche et il est condamné à réussir même si dans sa posture actuelle, il ne part pas avec les faveurs des pronostics. C’est par cette voie unique et à ce prix qu’il marquera l’histoire de son pays, et évitera une compromission, synonyme de fin de «mort politique».

 Davy Richard SEKONE

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR