Libération du journaliste Ignace Sossou au Bénin : N’empêche sous Talon, la démocratie et la liberté de presse ont reculé

Libération du journaliste Ignace Sossou au Bénin : N’empêche sous Talon, la démocratie et la liberté de presse ont reculé

3 tweets sur le procureur de la République, lui ont valu 12 mois de condamnation dont 6 mois fermes, Ignace Sossou se souviendra toute sa vie de cette parenthèse carcérale pour avoir tout simplement fait son travail. Hier 24 juin 2020, après avoir purgé sa peine d’un semestre donc, le journaliste de Bénin Web TV a pu enfin humer l’air de la liberté.

Mais que de frustrations, que de contorsions judiciaires, que de déni de justice que d’arguments superfétatoires pour pouvoir «coincer» ce journaliste d’investigations qui n’a fait que relayer les propos du procureur sur les réseaux sociaux ! Car aujourd’hui, en quoi est attentatoire à l’honneur d’un procureur, que de relayer ses propos sur un mode journalistique ce qu’on appelle le live tweet ancré désormais dans les mœurs des TIC ?

Un procureur qui avait eu la dent très longue puisqu’il avait voulu 18 mois fermes pour Sossou, c’était en 1ère instance le 24 décembre 2019. Seule la procédure d’appel a pu ramener cette peine à 6 mois fermes.

Il faut dire que le boucan réprobateur soulevé par CFI France Médias Monde, Reporters sans frontières (RSF), l’Unions des professionnels des Médias du Bénin (UPMB) le conseil national du patronat (CNPA), ont eu un effet sur la réduction de cette peine. Libre donc, Ignace Sossou comme lui-même l’a laissé entendre au sortir de la prison de Cotonou, mais son cas soulève la brulante problématique du code numérique au Bénin, et même dans la sous-région.

A l’évidence, la bataille pour la dépénalisation du délit de presse n’est pas gagnée au Bénin de Patrice Talon. Car on a l’impression que l’atmosphère politique générale a déteint sur les médias. Politiquement, le Bénin a régressé, le phare démocratique de la sous-région est devenu blafard, car lorsqu’on tient des élections sans l’opposition, tout en écartant le principal opposant, Sébastien Ajavon, par l’épée de la justice, (encore !) ; par un exil, tout en phagocytant des partis jadis de l’opposition qui deviennent des formations croupionnes, on ne doit pas s’étonner que la justice prenne une coloration de ce genre.

Certes, Reporters sans frontières (RSF) a noté dans son dernier rapport, que la race des prédateurs disparait peu à peu sur le continent, excepté l’Erythrée mais l’envers de ce décor est qu’il y a une autre race, qui constitue toujours une menace pour l’exercice du métier : ceux qui envoient les journalistes en prisons pour des peccadilles en grossissant les traits tels que les Ahmed Abba au Cameroun, Hajar Raissouni au Maroc et Ignace Sossou qui ne sont que des exemples parmi d’autres.

Au Bénin, le pouvoir actuel convainc de plus en plus que la démocratie et la liberté de presse et d’opinion deviennent des choses rares car même le marxiste-léniniste Mathieu Kérékou, s’était laissé convertir dans les années 90 à ce mode de gouvernance qu’est cette démocratie après plus de 20 ans de régime révolutionnaire ! Alors comment expliquer qu’un milliardaire, dont justement les us et coutumes de la démocratie (libéralisme) ont permis de s’enrichir et surtout de s’installer au palais de la Marma en vienne à en prendre le contre-pied ?

Pélagie OUEDRAOGO

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