Mali : Les paris de Kidal et de la palabre avec les djihadistes

Mali : Les paris de Kidal et de la palabre avec les djihadistes

Le convoi militaire fort de 240 membres qui s’est ébranlé hier de Gao 10 février 2020 en direction de Kidal se veut être le début du retour du pouvoir central dans cette localité septentrionale, véritable extraterritorialité, depuis des années au Mali.

1/3 de FAMA, 1/3 du GATIA et 1/3 de la CMA, voilà la composition de la force légale centrale censée, signer ‘’l’étatisation’’ de Kidal aux mains des rebelles.

Encadré par des soldats de la MINUSMA, ce corps expéditionnaire de l’Etat devra mettre 4 jours pour parvenir à Kidal, et marquer un double évènement : affirmation de l’autorité de Bamako, et début d’application dans cette région de l’Accord d’Alger signé en juin 2015 de mauvaise grâce par la CMA.

Enfin ! Est-on tenté de dire, car ce n’est pas trop tôt. Kidal, c’était ce caillou dans le soulier d’IBK, car quelle que soit la raison invoquée, (d’aucuns avancent mezza voce que Kidal est la marque de la duplicité de la France, qui favorise une ethnie minoritaire) au détriment de la majorité), d’autres carrément la faiblesse de l’Etat malien, quel que soit donc le motif, l’envoi de ces militaires ‘’loyalistes’’ se veut être le pari de Kidal, le reflet de la force publique. Une vacuité de l’Etat qui était le terreau du djihadisme.

Si tout se passe sans anicroches, on pourra dire que le pouvoir malien retrouve le Nord, car Kidal symbolisait à lui seul, l’absence de gouvernement dans cette zone, vu que le chef d’Etat IBK, pour s’y rendre devait même demander une … autorisation.

On attend de voir l’arrivée de ‘’l’Etat à Kidal’’ et son déploiement spatio-temporel avant de juger définitivement.

Un pari qui rejoint un autre et confirmé hier par IBK à nos confrères de RFI et France 24, celui de prendre langue avec les katibas qui écument le Sahel, notamment avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.

Le président malien a recadré Tiébélé Dramé, son ministre des Affaires étrangères, qui, rien que la semaine dernière affirmait que ‘’négocier avec les djihadistes n’est pas une position officielle du gouvernement’’.

Y a-t-il plus officielle que la voix du chef de l’Etat IBK ? Absolument non !

Ainsi donc, le président malien confirme ce qu’on avait déjà su par la bouche de son haut représentant au Centre, Diacounda Traoré, qui avait lâché que par 2 fois au moins, ses missi dominici avaient rencontré Koufa dans le delta du Niger pour discuter paix dans l’ex-Soudan français.

Ni ‘’naifs, ni candides’’ mais «le Sahel n’est plus tranquille» et «le nombre de morts devient exponentiel» tel est le constat qui a enjoint Bamako à négocier avec les chefs katibas.

Realpolitik oblige, il faut parlementer avec l’ennemi, et laisser hurler les loups, à l’instar du député de la majorité Diarra. Et sans acrimonie envers la France. Foi du locataire de la colline du pouvoir.

Bamako négocie donc avec les djihadistes ! Quelle est la position de Ouaga et de Niamey ? Car si dialogue il doit y avoir avec Ghaly et Koufa, Roch et Issoufou ont obligatoirement leurs mots à dire, car les écumeurs du sahel sont particulièrement meurtriers au Burkina, au Mali et au Niger. On sait que courant 2019, le président nigérien avait rencontré en catimini des éléments de la CMA à la présidence nigérienne. Mais quid du Burkinabè Roch ? Si palabre il y a, elle doit être unitaire dans la zone du G5-Sahel !

Reste à savoir en négociant qu’est-ce qu’on met sur la table ? Que voudront les djihadistes en échange d’un armistice ? Pour l’avoir expérimenté sous le règne de Blaise, le Burkina en sait un peu sur ce genre de deal avec les terroristes. Mais ce Burkina là et le Sahel des années 2000 ne sont plus ceux de 2020. La stratégie du dialogue doit obligatoirement aussi évolué !

Davy Richard SEKONE

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