Massacres à Ogossagou-Peul au Mali : Le dieu Ogotémali (1) fâché, l’armée indexée

Massacres à Ogossagou-Peul au Mali : Le dieu Ogotémali (1) fâché, l’armée indexée

Enième reflux intercommunautaire au Mali, le massacre du 23 mars à Ogossagou et Ouenkoro alors qu’une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU séjournait à Bamako, est un des miasmes de la situation d’insécurité qui sévit maintenant au Centre où le Front de libération du Macina (FLM) du «mort-vivant» Amadou Koufa, a pignon sur rue, mais aussi la conséquence de l’exacerbation des contentieux qui existent entre Bambara-Dogons et Peulhs, et surtout la preuve vivante de l’absence d’Etat.

Que s’est-il passé lors de cette nuit funeste de samedi dernier à Ogossagou-peul ? Les rescapés incriminent les chasseurs Dogons de l’Association Damassamagou, regroupant des milices chasseurs qui seraient à la base des 134 suppliciés. Ces massacres du 23 mars rappellent macabrement ceux de Yirgou au Burkina les 1er et 2 janvier 2019, avec toujours dans le rôle de bourreaux, selon des témoins, des Koglwéogo, variante de ces chasseurs dogons maliens.

En réalité, ce pogrom de Bankass au Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso, illustre à souhait qu’en plus du Nord, le Centre échappe de plus en plus au pouvoir central.

Car à plusieurs reprises, l’Association pour la défense des droits des populations pastorales Kisal a tiré la sonnette d’alarme, sur les itératives vendetta des milices-chasseurs, laquelle alerte est restée inaudible côté pouvoir, d’où cette équipée à Ogossagou où il faut préciser, étaient cantonnés des éléments peuls du Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) dans le cadre de l’Accord de paix de 2015.

Si régulièrement, les ouailles de  Ogotémali (dieu des Dogons) descendent des falaises de Bandiagara et environnants pour tirer sur leurs intimes ennemis les peuls, c’est bien qu’il y a des histoires entre éleveurs et agriculteurs, mais en lame de fond, il y a l’inextinguible soif de vengeance, liée à une histoire de terrorisme, surtout qu’il ya une armée malienne impuissante et incapable de l’endiguer qui ne peut compter que sur Barkhane, la MINUSMA, et  subsidiairement le GATIA.

Certes IBK a fait le ménage, chez ces pseudo-robins des bois et surtout dans l’armée en dissolvant les milices, et congédiant la hiérarchie militaire, mais bien après des dégâts incommensurables.

En plus de ces conflits interethniques, le 17 mars dernier, c’est dans la même région qu’un casernement militaire avait été attaqué, avec à la clef 26 soldats étalés.

Dissoudre sur papier et depuis Bamako, ces «justiciers du sable», c’est bon pour la galerie, ça calme un peu le cœur du petit peuple, mais ne résout rien sur le terrain.

Face à un vide sécuritaire, à des incursions sporadiques djihadistes, et à des communautés dont le vivre-ensemble est inversement proportionnel à des haines recuites, il faut plus que des oukases de dissolution pour arrêter ces massacres.

Quant à la valse des bérets au sein des Forces armées maliennes (FAMA) le chef d’état-major général, ceux de l’armée de terre et de l’air paient cash ces fautes professionnelles répétitives, cette valse disons-nous est une mesure conjoncturelle, mais, la vraie dissolution réside  dans la présence de l’Etat, c’est-à-dire, des mêmes forces armées en ces lieux inflammables, pour qu’il puisse exercer l’autorité étatique, et dissuader toute velléité guerrière. Le 32e sommet de l’UA, avait consacré un thème à ces affrontements intercommunautaires, hélas, cette récente tragédie malienne vient rappeler que rien n’est trouvé pour les circonscrire.

Sam Chris

  • in Ogotémali, dieu d’eau de Marcel Griaule

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