Prise de Syrte par l’armée nationale libyenne : La bravade de Haftar  à Erdogan 

Prise de Syrte par l’armée nationale libyenne : La bravade de Haftar  à Erdogan 

Pour une surprise, c’en est une. Alors que tous les efforts, toutes les attentions sont dardés sur les tentatives de l’armée du Maréchal Haftar d’entrer dans Tripoli, il prend totalement tout le monde à contre-pied et à court en entrant à Syrte. Une opération éclair, apparemment savamment bien préparée et depuis un bout de temps. Syrte, c’est le berceau de l’astre du Livre vert. C’est là à Wadi Jarif à 30 kilomètres au Sud de la ville que vit le jour Mouammar Kadhafi, au bord d’un oasis.

8 ans après sa disparition, voici ses héritiers et tombeurs, qui ‘’souillent’’ ces lieux, sacrilège outre-tombe pour le Guide.

Syrte est une ville symbolique. C’est là également que l’Etat islamique a exercé une grande influence pendant un bon moment avant d’être chassé par les troupes du gouvernement d’union nationale. C’était donc un bastion de l’exécutif de Tripoli. Le prendre est synonyme d’une prise d’ascendance psychologique sur le frère ennemi qui siège à Tripoli. Mais, il y a plus concerné par cette prise de Syrte par l’homme fort de l’Est : Recepp Tayipp Erdogan, le président turc.

Le symbole est encore plus significatif lorsque l’on sait que Syrte abrite une base de commandement de drones, pilotée par des officiers turcs. Ces derniers ont-ils capturés ? Ont-ils fui ou mis à mort ? Les réponses sont subsidiaires, laissant au fait le plus important : le maréchal Khalifa Haftar vient de frapper un bastion où opère clairement la Turquie et lance ainsi un message au président Tayyip Erdogan.

Cette capitonnade syrteènne intervient au lendemain du vote du parlement turc, le 2 janvier dernier autorisant des soldats  à se déployer en Libye, pour contrer la marche guerrière du général Haftar sur Tripoli. Et de facto, le début du déploiement imminent de ces soldats. Si ce n’est pas une défaite, c’est une bravade contre celui qui tente d’endosser les habits de Kemal Attaturc, la figure totémique des bords du Bosphore. En effet, Erdogan essaie, à défaut d’avoir pu intégrer l’UE, de jouer dans la Cour des grands. La Turquie est effectivement une grande nation. Mais dans cette mare à café libyenne, pourra-t-elle tirer ses marrons de la pétaudière ?

Ce nouvel évènement changera-t-il les plans du président turc ? Quelles autres surprises le maréchal Haftar a-t-il encore dans sa veste ? Il est évident qu’il impose un effort supplémentaire au gouvernement de Tripoli. En plus de défendre la capitale contre les assauts du frère ennemi, il devra désormais s’évertuer à reprendre à cette position arrachée sur le coup de la surprise à Syrte.

Du reste, cette offensive répond aux inquiétudes affichées quant  au risque que l’implication de l’armée turque sur le sol libyen complique davantage la situation.

On est donc bien parti pour un ensevelissement définitif de la porte de sortie politique de cette crise ébauchée aux Emirats Arabes, en France (Celle-Saint-Cloud) et naturellement, le Sahel s’en inquiète, car sans une pacification de la Libye, avec un seul homme reconnu par tous, en lieu et place de cet exécutif bicéphale officieux et officiel, et sans les petits sanctuaires djihadistes, les trafiquants de toute sorte, et les calculs de ceux qui guignent le pétrole, et les marchés de la reconstruction, bref sans une Libye-Etat, le Sahel ne peut que mal s’en porter. A moins que l’Union africaine et tous ces pays impliqués dans ce conflit par bras interposés ne songent à  se remettre en cause et à envisager le moyen de sortir de cette impasse sanglante par une voie autre que celle de la barbarie et du staccato des armes.

Ahmed BAMBARA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR