Procès de la «Bande des 4» à Blida en Algérie : Quand le Gl Gaïd Salah solde ses comptes et joue sa survie

Procès de la «Bande des 4» à Blida en Algérie : Quand le Gl Gaïd Salah solde ses comptes et joue sa survie

Procès catharsis et exutoire ou procès trompe-l’œil juste pour amuser la galerie et détourner les «vendredisards», dont les rangs ne font que se massifier chaque jour qui passe dans les rues d’Oran, d’Alger, Constantine ?

Le jugement de la «bande des 4» qui s’est ouvert, hier 23 septembre à Blida au Sud-Ouest d’ Alger est une première dans les annales judiciaires du pays de Ahmed Ben Bella tant en lui-même que par la qualité de ceux qui sont dans le box des accusés : Saïd Bouteflika, frère cadet et conseiller du chef de l’Etat «démissionné», Louisa Hanoune, cheffe du parti des travailleurs (PT) et les généraux Mohamed Mediène alias ‘’Toufik’’ et Athmane Tartag, tous des ex-directeurs des services secrets algériens sont en effet accusés «d’atteinte à l’autorité de l’armée» et «complot contre l’autorité de l’Etat», des crimes pour lesquels, ils sont passibles de lourdes condamnations.

Ayant pris en mai dernier le ticket aller simple pour la prison de Blida, ceux que les Algériens surnomment «la bande des 4» seraient au cœur d’un vaste mouvement séditieux pour déstabiliser l’Etat et empêcher la marche de la Transition. A la tête de ces 4 supposés comploteurs, Saïd, épaulés par les 2 généraux, qui auraient été trahis par une correspondance adressée à un ancien président Liamine Zéroual. Quant à Louisa Hanoune, une réunion avec Saïd et le général ‘’Toufik’’ le 27 mars 2019 l’incrimine.

On aurait pu mettre ces arrestations et embastillements dans le registre de l’opération «Mains propres» lancée par le vrai dirigeant de cette transition, le général Gaïd Salah, avec les emprisonnements de l’ex-patron des patrons algérien Ali Hadad, ceux de la SONATRACH, CEVITAL, mais le passé qui le lie l’actuel chef d’état-major et les 2 illustres généraux de la prison Blida, et même la posture du général Gaïd Salah font que le doute habite la plupart des Algériens quant à la sincérité et à l’objectivité de ce glaive judiciaire.

En effet, il y a 6 ans au détour d’un vaste mouvement dans la grande muette, l’alors président Bouteflika, mettait à la retraite 17 généraux, et propulsait Gaïd Salah comme tout-puissant chef d’état-major de l’armée et ministre de la défense, et sanctionnait les généraux Tartag et ‘’Toufik’’. Le premier n’était plus patron de la Division de la sécurité intérieure (DSI), et le second était délesté du département du renseignement et de la sécurité (DRS), et les 2 services de renseignements se sont retrouvés sous la coupe de l’état-major de l’armée, donc de Gaïd Salah, qui répondait directement du palais d’El Mouradia.

De cette époque date cette haine inextinguible entre ces généraux, et comme Gaïd possède actuellement le pouvoir, on peut penser qu’il veut terminer proprement le travail entamé par son ex-mentor.

Mais le général  Gaïd Salah veut aller plus loin, car s’il reste arc-bouté à l’achèvement d’une transition sans heurts, il est conscient que le rejet des ‘’3 B’’ (Bedoui, Bensalah et      Belaiz et réduits à ‘’2 B’’ maintenant avec la démission de    Belaiz, s’il tient donc à la présidentielle de décembre prochain, c’est qu’il est conscient que c’est la seule voie de salut pour lui : il n’ignore pas que ceux qu’ils jugent à Blida, ne sont pas plus comptables du système Boutef que lui, qui est chef d’état-major de l’armée depuis 15 ans ! un pur produit du système déboulonné !

Il  sait aussi que la revendication matricielle des «vendredisards» (ceux qui manifestent chaque vendredi) ne veulent pas d’une «débouteflikisation» partielle mais totale, c’est-à-dire y compris son propre départ à lui.

Tant qu’à faire diversion, ce procès pourrait détourner l’attention et permettre qu’on organise les élections, qui seront forcément viciées, car ceux qui l’ont menés font partie de la galaxie Bouteflika.

Le général Gaïd  semble donc vouloir jouer sa survie politique à lui, et en finir avec des adversaires qu’il a toujours trouvés sur son chemin. S’il lâche, il est un homme fini ! Comme solde de tout compte ? Seul le peuple algérien pourrait avoir le dernier mot.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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