Ramadan 2020 en Afrique et Covid-19 : Un Iftar sans Aïd

Ramadan 2020 en Afrique et Covid-19 : Un Iftar sans Aïd

Célébrée le samedi 23 ou le dimanche 24 mai selon que le croissant lunaire a été vu le 22 ou le 23, la fête du Ramadan qui marque la fin du jeûne musulman a eu lieu un peu partout en Afrique.

 Ainsi donc, les ivoiriens ont rompu définitivement tout ce qui était abstinences et privations durant ce mois sacré ce samedi 23 mai, car le Conseil supérieur des imams des mosquées et affaires islamiques (COSIM) et le Conseil des imams sunnites (CODIS) ont aperçu la lune le 22 à Yopougon.

Au pays d’Houphouët bien avant cet évènement, de nombreuses restrictions anti-Covid-19 avaient été levées (ouvertures de maquis, levée du couvre-feu), mais néanmoins on a prié avec prudence, notamment avec les mesures-barrières, et le côté festif n’a pas été trop mis en avant. Une ouma ivoirienne qui n’avait d’ailleurs pas la tête à la fête car le 17 mai dernier, Allah a rappelé à Lui, Cheick Boikary Fofana, président du COSIM et grande figure de la communauté musulmane, et ami du président Alassane Ouattara. Que Allah l’agrée !

Au Niger, c’était samedi 23 mai, que l’Aïd El Fitr a été fêtée, dans la continuité, puisque le pays avait ouvert ses mosquées et marchés, et ce, malgré le Covid-19. Dans ce pays sahélien frappé par cette pandémie et le terrorisme, ce fut aussi un Ramadan à minima.

La Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) a «vu» la lune, elle dans la soirée du 23 mai, si fait que c’est hier dimanche 24 mai, que le Ramadan a eu lieu. Si beaucoup de disciples de Mohamed (PSL) se sont rendus à la place de la Nation de Ouagadougou par exemple où se tient traditionnellement la prière, pour la cuvée 2020, les consignes étaient «chacun son tapis personnel» et port obligatoire du masque, mais la distanciation géographique n’a pas été respectée, car l’esprit et la lettre dogmatiques des hadiths recommandent qu’on prie serré, au coude à coude.

Au pays des hommes intègres, ce fut aussi un Ramadan sans rassemblement festif ni effervescence, et dans la sobriété, le couvre-feu restant en vigueur de 21 heures à 4 heures. Les questions de la rentrée scolaire, du cas des réfugiés au Nord et au Centre-Nord avec la saison des pluies qui s’annoncent et de l’insécurité, le tout dans une ambiance de Coivd-19 étant toujours prégnantes.

Le Mali n’a pas eu besoin de consignes particulières pour cette fête, car la plupart des mesures anti-contagion du Covid-19 étaient inexistantes depuis longtemps. C’est un pays qui a tenu des législatives en mode Covid-19 en mars et en avril et les prières collectives dans les mosquées étaient une réalité à cette fête, sans distanciation.

La Korité autre vocable du Ramadan au Sénégal, par contre n’a pas dérogé aux oukases des grands imams des mosquées, qui avaient refusé d’ouvrir les lieux de culte, malgré les décisions gouvernementales. Ainsi donc, ces mosquées sont restées fermées, pas de visites familiales, pas de rassemblement, on a privilégié la fête en famille, et le tout dans une ambiance assez morose, dans ce pays à forte densité musulmane !

Le Maroc aussi est resté inflexible par rapport aux mesures-barrières. Le confinement en vigueur au royaume alaouite depuis le 19 mars se poursuit, pas de voyage, tout juste a-t-on mangé le couscous royal et autres chiwates en famille à la fin de ce mois de piété. Ce fut selon le mot du Dr Jaoud Mabrouki expert en psychanalyse de la société marocaine, «un Iftar sans Aïd». C’est-à-dire la rupture du jeûne sans les réjouissances religieuses et musulmanes.

A l’image des lieux saints musulmans tels que les mosquées de la Mecque et de Médine restées closes et un Ramadan frugal tenu le 24 mai dernier à cause du Covid-19 évidemment, avec l’annulation du petit (oumra) et du grand pèlerinage, l’Afrique a célébré cet Aïd El Fitr de l’An 1441 de l’Hégire, le calendrier musulman, en tenant compte de la pandémie, même si des assouplissements de part et d’autre ont été observés.

On a prié, psalmodié, en suppliant Allah le Miséricordieux d’éloigner cette vilaine maladie, les cœurs étaient meurtris par des deuils, des entreprises sont en faillite ou en chômage technique, et l’économie aux abois … tout ça à cause de ce mal pernicieux ! On s’est tourné vers Allah en ce jour béni même si les hommes savent que Allah n’est pas obligé…

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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