Qui et qui seront autour de la table du Conseil des ministres, les semaines à venir ? C’est l’identité de ces 65 personnes que s’attèle depuis hier 7 août le frais émoulu premier ministre Sylvestre Ilunga, qui se livre à quasiment une auscultation médicale des potentiels impétrants tant au niveau de l’opposition que du pouvoir.
Tour à tour, c’est à Jean Marc Kabund, 1er vice-président de l’Assemblée et cornac du CASH, et Néhemie Mwilanya ex-dircab de Kabila et coordonnateur du FCC qui ont été reçus avec leurs délégations respectives par le chef du gouvernement.
La société civile aura aussi son mot à dire avant que les noms des 2 camps soient remis à Sylvestre Ilunga. Des listes de «ministrables» qui devront satisfaire à certains critères pour espérer vraiment hériter du portefeuille qui est destiné à chacun : probité, compétence, ‘’passé clair’’, représentativité politique… sont entre autres qualité requise.
Le 10 août la short list, un doux euphémisme, pour désigner plutôt un chapelet de noms, car pour chaque poste, il y a 3 candidats proposés, ce qui fait pour les 65 maroquins, 195 noms, qui atterriront sur le bureau du PM, qui le transmettra au président Félix Tshisekedi pour les compulser et sortir les 65 heureux appelés à la table du seigneur du palais de la Nation.
Attention cependant, si en théorie, ces consultations tous azimuts, donnent l’impression que la formation de l’équipe gouvernementale se fait selon les règles de l’art, il ne faut pas perdre de vue, que fin juillet dernier, tout était déjà plié, car si on ignorait ceux qui seront ministres, la clef de répartition était, elle claire, tant arithmétiquement que sur le plan des postes de souveraineté.
Ainsi, sur les 65 ministres, le FCC se taillerait les morceaux les plus viandeux avec 42 postes dont la Défense, la Justice, les Mines et Finances, soit 31 des 48 ministères titulaires tandis que le CASH se contentera de la portion congrue des Affaires étrangères, de l’Intérieur et du Budget.
Kabila, le président sorti, garde donc la haute main sur les départements régaliens, en plus d’un premier ministre qui lui est proche.
Le FCC-CASH se partagera bien le pouvoir, mais la balance penchera du côté de l’ancien président, plutôt que de l’actuel Félix Tshisekedi, dont la marge de manœuvre est désormais limitée tant au parlement qu’à l’Exécutif. Seul bémol, il est probable que l’équilibre régional, et le zeste politique soient respectés, mais c’est assurément un premier ministre Sylvestre Ilunga, qui aura à coordonner un gouvernement dont les animateurs lui ont été forcément imposés, donc qui aura souvent de sérieuses difficultés à manager certains secteurs sensibles. Le dernier mot reviendra à l’ombrageux parti FCC.
Le président Félix Tshisekedi sait également qu’il est le chef de l’Etat de jure et de fait de la RD Congo, mais que la plupart de ses ministres recevront leurs feuilles de route réelle, chez celui qui coule désormais souvent des jours tranquilles dans son ranch de Kingakati, en véritable gentleman-farmer, mais qui n’a rien perdu de ce qu’il tient depuis janvier 2001 : le pouvoir.
Pourvu que ce gouvernement gargantuesque à l’image de ce pays-continent, puisse faire bouger la RDC vers le haut, et non qu’il ne soit le pauvre albatros qui ahane à décoller du sol.
Zowenmanogo ZOUNGRANA
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