Calme fourré en Afrique du Sud après 3 jours de violences xénophobes. Malgré la sortie du président Cyril Ramaphosa, les Sud-Africains n’en décolèrent pas contre les «étrangers voleurs de boulot et bandits patentés». On dénombrait 7 macchabés à la date d’hier 4 septembre.
La crise se ‘’continentalise’’, car à Abuja et à Lagos, les Nigérians ont appliqué la loi de Talion ou de la réciprocité en s’en prenant aux biens sud-africains, obligeant le mastodonte des télécoms MTN à fermer ses boutiques au Nigéria, tandis qu’un super-marché sud-africain a baissé ses stores à Abuja. Et le géant aux 190 millions d’âmes était aux abonnés absents au forum économique mondial du Cap ouvert hier. Il n’est pas jusqu’aux étudiants zambiens qui ont battu le macadam devant l’ambassade sud-africaine contre ces brimades. Ni aux Zimbabwéens éboubés par ces chasses-à-l’homme qui ne disent pas leur nom.
Un peu plus de 30 ans après la fin de l’apartheid, qui s’est soldé d’ailleurs par un bon happening politique et diplomatique avec le prix Nobel de la Paix attribué à Nelson Mandela et Fréderic De Klerk, en 1993, trois décennies après cet heureux dénouement, voici que les nouveaux démons, ceux du 2.0 qui se réveillent au pays de Madiba.
Certes, Africains du Sud pur jus contre des Noirs venus d’ailleurs, mais, s’il n’y avait pas ce multiculturalisme et cette multiracialité, l’Afrique du Sud serait-elle arc-en-ciel ?
A la vérité, face à la malaria, il faut faire baisser la température et non casser le thermomètre.
Les causes de cette exacerbation xénophobe sont plutôt politico-économiques. L’Afrique du Sud sous Cyril Ramaphosa a une économie exangue, et les compatriotes du président sont ras-le-bolisés par ses promesses non tenues.
Mandela a cédé volontairement la présidence à Thabo M’Beki, un pays qu’ont continué à construire les Blancs, riches et bien équipés notamment dans le domaine agricole. Thabo M’Beki, débarqué de force (via une démission) a laissé son fauteuil au Zulu Boy Jacob Zuma, qui hérita d’une Afrique du Sud de plus en plus, confrontée à une crise économique, au chômage endémique des jeunes, que viendront aggraver les problèmes de corruption et de prévarication de Zuma lui-même. L’Afrique du Sud a mal à son économie, à la redistribution de ses terres, à sa jeunesse. Oui, il y a un péril jeune dans ce pays.
Les promesses de campagne n’engageant que ceux qui y croient, celles de Cyril Ramaphosa, depuis avril 2019 ne tiennent pas et tardent à montrer le bout du nez. Par exemple sur la lancinante question de la réforme foncière dont Julius Malema, le leader des combattants de la liberté économique (EFF) en fait son miel électoral, cette question tarde à être résolue. Les trois quarts de terre sont toujours dans les mains des 10% des Blancs de la population sud-africaine.
C’est donc la gouvernance de l’ANC, le parti de Mandela, qui est au pouvoir depuis les années 90, qui est de plus en plus remise en cause.
Malmenés lors des élections générales de 8 mai 2019, par l’Alliance démocratique (AD) de l’opposant Mmusi Maimane, et par les combattants pour la liberté économique de Julius Malema (bien assagi et un peu rangé) l’ANC bien que toujours majoritaire montre chaque jour des signes d’incapacité à solutionner les problèmes nationaux, et il est à craindre que si la tendance ne s’inverse pas, ce parti historique pourrait perdre le pouvoir les années à venir.
Les reflux anti-étrangers sont les conséquences de populations paupérisées, en courroux contre leurs dirigeants et qui se défoulent sur les étrangers.
Stopper bien sûr ces vagues de violences, sont des solutions conjoncturelles, ce à quoi semblent s’atteler les autorités, mais résoudre ces problèmes de fond seraient celles structurelles. Et c’est l’ANC qui est interpellé.
La REDACTION
COMMENTAIRES