Décidément, il est dit que tout comme de son vivant, Etienne Tshisekedi suscitait passion, querelles et polémiques, mort, il le reste. La preuve, par ce qui ressemble aux impossibles obsèques du sphinx de Limeté.
Décédé le 2 février 2017, alors son pays la RD Congo, traversait une zone de fortes turbulences politiques, provoquées par le revolving des dates d’élections, malgré un Accord de la Saint-Sylvestre qui était pourtant clair, les funérailles du totem de l’UDPS avaient été maintes fois reportées sine dié.
Et voilà qu’il y a une semaine de cela, on annonçait enfin l’arrivée de la dépouille mortelle de Bruxelles pour le 30 mai, c’est-à-dire aujourd’hui, puis un hommage populaire au stade de Martyrs le 31 mai et enfin, les obsèques le 1er juin au cimetière de Nsele.
Et voilà aussi que juste 24 heures avant le rapatriement du corps, comme par hasard, une polémique née le mois dernier sur le coût de ces funérailles est exhumée : un document censé être confidentiel et signé du dircab, comprenez le directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, fait état de 2,5 millions de dollars rien que pour le monument funéraire. Toutes les dépenses liées à ces obsèques pouvant aller jusqu’à 6 millions de dollars, comme il est de coutume pour les hautes personnalités de l’Etat.
Ces mic-macs sur le budget de ces funérailles ont-ils été à la base du report du rapatriement du corps de Tshisekedi-père au bercail ?
Le ministère belge des Affaires étrangères brandit lui des problèmes logistiques, tandis que le pouvoir congolais évite le débat en indiquant que ces dépenses rentrent dans la mercuriale, réservée aux obsèques nationales des hommes d’Etat.
Que Etienne Tshisekedi soit une icône, qu’il ait utilisé toute sa vie à se battre pour un meilleur être des Congolais, cela est indéniable. Mais une telle loi de finances, si tant est qu’elle existe qui consacre 6 millions de dollars, c’est-à-dire 3 milliards de francs CFA pour les obsèques, même pour un homme d’envergure nationale ne doit !elle pas être révisée ? Dans cet océan de misère, même s’il faut relativiser dans ce pays de paradoxes, où le quotidien du citoyen lambda est lié à la débrouillardise au système D, il est en effet difficile de comprendre cette dépense gargantuesque pour un mort.
Ce serait sage de revoir effectivement ce budget à la baisse, en élaguant certaines dépenses, encore qu’on sait que peut-être que sur ces 3 milliards de F CFA, plus de la moitié sera «mangé» par des vivants, qui graviteront autour du cercueil.
C’est cela aussi souvent la gouvernance en Afrique tout est une occasion pour prébendier les deniers publics. Mort, Tshisekedi, va enrichir certains ripoux. S’il devait se réveiller, ces derniers trembleraient de toutes leurs carcasses.
Sam CHRIS
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