Sommet du G5 Sahel : 1er inventaire post-Pau à Nouakchott

Sommet du G5 Sahel : 1er inventaire post-Pau à Nouakchott

Les capitaines du bateau battant pavillon G5 Sahel se sont réunis ce 25 février 2020 à Nouakchott en Mauritanie. L’ordre du jour n’est vraiment pas difficile à connaître. En plus du fait que le président Roch Kaboré fait la passe à son homologue mauritanien El Ghazouani à la tête du G5 Sahel, l’on  sait que les vagues houleuses qui font dangereusement tanguer le navire sont au cœur des discussions, notamment les écumes mortelles d’Al-Saharoui dans le col des 3 forntières, mais aussi le financement de cet instrument de lutte anti-katibas. A un peu plus d’un mois après le sommet des Alpes pyrénéennes françaises, les 5 premiers responsables du G5-Sahel se retrouvent donc en Mauritanie, pour faire une évaluation à mi-parcours de l’opération conjointe Takuba.

Régulièrement, cette force engrange quelques victoires, et à travers les communiqués numérotés de Barkhane, on apprend les équipées victorieuses et les pertes aussi.

Certes, l’armée malienne est revenue aussi à Kidal. C’était une arête dans la gorge des Sahéliens qui a été otée. Un ouf de soulagement a dû être poussé. Pas parce qu’une pierre a été déplacée, mais parce que c’est une étape importante  qui a été franchie. En effet l’armée recomposée qui s’est installée à Kidal signe la retrouvaille du Nord, le retour des FAMA, et du pouvoir central dans ce qui symbolisait à lui seul, cette guerre oblique dans le septentrion malien. 

Les chiffres de ces derniers mois sont bons mais, bémolisés par les tueries de civils. Attaques multipliées par dix contre les populations civiles avec une violence inouïe, coups de mitrailles et d’engins explosifs improvisés contre les godasses des militaires lesquels ont fait pleurer et hocher la tête de douleur du Niger au Mali, en passant par le Burkina.

Les groupes armés terroristes sont de plus en plus rampants dans cette bande de territoire des trois frontières. Ils essaient presque de faire la loi. Les forces militaires rendent coup pour coup, mais les chiffres restent toujours en-deçà des attentes.

Nouakchott est donc le lieu où le bilan des engagements de Pau sera effectué une revue de détail des actions engagées. L’alliance du Sahel doit affiner davantage ses actions, ses  œuvres et ses initiatives pour être plus efficace.  Après Pau, qu’est-ce qui a vraiment changé ? Quelles victoires ont-elles été engrangées ? Mettre sur la balance les victoires d’étape, et ce qui a moins marché, voilà ce quoi est destiné cet aparté de la capitale mauritanienne. Des recadrages et réglages, voilà l’objectif de ce 1er point de l’après-Pau.

Le Président Roch Kaboré avait expliqué qu’il était important que l’engagement des forces armées françaises devait davantage convaincre les populations du Sahel avec une répression des forces terroristes et une diminution drastique des actes de barbarie. Le président du Faso, en passant le témoin de la présidence du G5-Sahel au Mauritanien El Ghazouani, lui remet en même temps au patron d’un pays où il y a plus de 10 ans, les terroristes n’ont plus tiré un seul coup de feu. Le train du Sahel Nouadhibou-Zouarète siffle de nouveau depuis des années. Les ‘’5 mousquetaires’’ du G5-Sahel doivent s’inspirer de cette expérience mauritanienne, faite de lutte armée, mais d’actes concrètes, telle qu’une prise en charge des écoles coraniques, la question du développement endogène, la lutte contre le prosélytisme et la radicalisation ce qui donne une Mauritanie pacifiée. Et toutes ces perspectives nécessitent de l’argent, second gros dossier de Nouatchott.

L’éternelle question du financement de la force du G5 Sahel est devenue un mantra. Voilà plus de 3 ans, que le G5-Sahel n’arrive pas à mobiliser les 423 millions d’Euros. Les bailleurs de fonds ont été «gentiment» rappelés à l’ordre par le ministre des Affaires étrangères burkinabè Alpha Barry. Il est à espérer qu’il sera entendu. Depuis février 2018, donc 2 années à Bruxelles, les promesses ne sont pas réalisées, les dons se font à dose médicinale. El Ghazouani devra d’ailleurs continuer avec le bâton de pèlerin de Roch partout où besoin sera.

En particulier en Europe et dans les pays arabes Abou Dhabi et Ryad sont déjà en embuscade au Sahel, avec une offense militaro-diplomatique. Les 20 millions d’Euros restants sur les 30 millions promis vont être décaissés par les Emirats Arabes Unis.

MBS, le prince de l’Arabie Saoudite, veut aussi son sommet G5-Sahel, le 16 mars prochain en marge de la réunion de la Ligue arabe. Ce sera le second arrêt sur le G5-Sahel, après Nouatchott.

C’est dire que Ghazouani met le pied à l’étrier d’un G5-Sahel sous de bons auspices, qu’il lui faudra capitaliser rapidement, les victimes du Sahel, et les milliers de déplacés du Burkina et du Mali en ont besoin. Et l’après-Pau doit être mieux que l’avant. C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à la zone sahélo-saharienne.

Ahmed BAMBARA

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