Sommet Russie-Afrique de Sotchi : L’empire du Tsar Poutine guigne le continent noir

Sommet Russie-Afrique de Sotchi : L’empire du Tsar Poutine guigne le continent noir

Sotchi, cité balnéaire au bord de la mer noire, capitale de l’Afrique pendant 3 jours, de par la volonté de Vladimir Poutine, maître incontestable de la Russie.

Ces 22, 23 et 24 octobre 2019, Poutine et une quarantaine de dirigeants africains parleront sécurité et développement.

Le 4 décembre 2017 au kremlin, le maître des lieux déclarait «A l’avenir, nous ne limiterons pas nos relations avec l’Europe ou l’Amérique. Nous allons restaurer et étendre nos liens traditionnels avec l’Amérique du Sud et poursuivre notre coopération avec l’AFRIQUE et le Moyen-Orient».

Souveraineté, histoire, patriotisme, hégémonisme, retour de la grande Russie des Tsar, voilà ce que Poutine a dans les tripes depuis qu’il est aux commandes, il y a 18 ans.

Après ses «Jeux olympiques d’hiver de Sotchi» de 2014, voilà un Poutine qui peut de nouveau pavoiser avec son «sommet Russie-Afrique» à quelques jets de pierre de sa datcha étatique logée dans les contreforts entre mer et montagnes. La Russie n’a jamais eu de colonies, et même l’ex-URSS disloquée par la glasnot et la perestroika gorbatchevienne n’a pas possédé de précarré sur le vieux continent. D’où vient alors l’idée d’un raout entre les descendants du Tsar Nicolas II et les Africains, dont la connaissance de la Russie se limite aux années d’études à l’université Patrice Lumumba ou quelques écoles techniques de 25 000 personnes ou souvent à des mariages mixtes entre étudiants africains et femmes russes lesquels mariages ont fait long feu sitôt une fois revenus en Afrique ?

De l’enfant de Saint-Petersbourg évidemment qui veut aussi son face-à-face seul avec les dirigeants de ce continent noir, dont chacun convient qu’il faudra compter avec dans l’avenir : l’Afrique.

Ayant replacé la Russie au centre du jeu, Poutine de nouveau fréquentable après l’annexion de la Crimée en 2014, les supposées immixtions dans la présidentielle américaine, Poutine donc veut mailler davantage ses rapports géostratégiques et économiques avec les Africains.

Alors sommet France-Afrique, sommet Chine-Afrique, sommet Inde-Afrique, pourquoi pas sommet Russie-Afrique ? Effet de mode et de snobisme mais pas seulement.

Le présent cénacle du bord de la mer noire, permettra à Poutine de connaître d’abord un Alassane Ouattara, Uhuru Kenyatta, Roch Kaboré, Nana Akufo-Addo, … et pour l’ex-chef du KGB, tout commence par le renseignement, et l’échange direct sans filtre. Chacun le sait, avec ce président judoka-ceinture noire, rien n’est tabou, franchise, calme et autorité caractérisent l’homme, mais avec lui on peut avoir des désaccords, mais c’est un  chef d’Etat avec qui on peut faire la causette sans prendre de gants.

Mais on devine aisément que ce n’est pas pour admirer le paysage édénique de Sotchi que Poutine a rassemblé cet aréopage de dirigeants.

Le thème du sommet, en lui-même renvoie à un partenariat qu’on espère n’être pas léonin.

Les richesses hydriques, minéralogiques du sol et du sous-sol  africains intéressent la Russie, qui a les ressorts et les ressources nécessaires pour les exploiter. Mieux après avoir observé les puissances européennes en relation avec l’Afrique, Poutine a opté de jouer sa partition. Comment ? On ne tardera pas à le savoir, même si déjà certains linéaments sont tracés en RCA où la Russie, non-officielle, est déjà présente via les sociétés de sécurité privées, qui tentent de sécuriser un Etat failli livré aux rebellions scissipares, que ne contrôle plus Bangui. La nature ayant horreur du vide dans cet ex-Oubangui-Chari d’où a plié bagages Sangaris (opération française) ces sécurocrates privés russes, ‘’sécurisent’’ ce qu’ils peuvent, en se servant aussi sur le tas.

Que peut gagner l’Afrique en cinglant sur la mer noire ?

Rien qu’en prenant le  cas du Sahel, enserré depuis quelques années dans les griffes terroristes, «l’armée russe, courtoise mais redoutable» selon les mots de Poutine en personne, pourrait fort de sa lutte contre les Tchetchènes, apporter une aide précieuse, à Barkhane, à la MINUSMA et surtout aux armées des pays concernés à la peine pour circonscrire ces attaques itératives.

Ensuite, en matière de coopération militaire, l’expertise russe sera d’un grand bien pour le Sahel, avec sa technologie de pointe.

Et comment ne pas mentionner la coopération économique, avec un pays aussi puissant que la Russie ?

Enfin, il n’est pas superfétatoire de dire que sur le plan politique, Poutine a appris aux Africains le scénario Medvedev, qui permet à l’aide d’une pirouette qui dure 5 ans de gouverner par procuration et de… revenir.

La RD Congo, et la Mauritanie sont actuellement des laboratoires de l’habileté poutinienne.

Finalement, ce sommet codirigé par l’Egyptien Al-Sissi, président de l’UA et Poutine se veut être une nouvelle piste pour les Africains de conjurer enfin cette «fatalité» du refus du développement. A condition que les dirigeants aient les qualités de l’homme de la verticale du pouvoir et de l’ours de la Taïga !

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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