«TGV» Président de Madagascar : Enclencher la vitesse de la maturité et des solutions

«TGV» Président de Madagascar : Enclencher la vitesse de la maturité et des solutions

C’est fait. Président insurgé en 2009. Président jugé illégitime à la tête de la Haute autorité de la transition de la Grande Île. Chef d’Etat putschiste, selon celui qui a été renversé pour qu’il prenne sa place, le ci-nommé Marc Ravaolomanana. Mais ce 8 janvier 2019, les disques de l’ancien DJ des soirées dansantes ont changé. Et ce 19 janvier 2019, il sera officiellement et solennellement le président de Madagascar, après le blanc-seing de la Haute cour constitutionnelle.

Les chiffres sont du reste, sans équivoque : 55,66% des suffrages contre 44,34% pour son adversaire, lors du second tour du 19 décembre 2018.

«TGV» a donc confirmé que ses roues politiques étaient solides et l’électricité populaire qui le nourrissait est bien réelle et tonique. Il a définitivement cloué le bec à Marc Ravalomanana qui devra se résoudre à aller ruminer cette seconde et lourde défaite face à un homme politique qui tient à peine sur ses 44 pluies. Le jeunot a eu raison du vieux loup de la faune politique malgache. Prendra-t-il sa retraite ? Pensera-t-il à une façon de prendre sa revanche, notamment en empêchant son «adversaire» de gouverner comme bon lui semble ? C’est une inconnue dont on pourrait connaître bientôt l’identité.

En attendant, une nouvelle page s’ouvre pour le nouveau Président et le peuple malgache. C’est une chance qui s’offre à la Grande Île de tout recommencer, de repenser son vivre-ensemble, de repartir sur de nouvelles bases et de marquer là le tremplin sur lequel elle peut lancer la fusée de son épanouissement et de son développement.

Mais pour cela, son nouveau chef d’Etat doit savoir qu’il est temps de se débarrasser de sa fougue juvénile. La Grande Île ne doit pas être confondue à une console musicale. Les talents de DJ ou la vitesse d’un TGV doivent être désormais utilisés avec sagesse et surtout, beaucoup de maturité.

De 2009 à 2014, il avait l’excuse de la transition, de la jeunesse, de la situation particulière du pays et du caractère suis generis de son magistère. Mais l’on n’est plus en 2009. 10 ans d’eaux ont coulé sur les rives de Madagascar et son calendrier n’affiche plus 34 mais bien 44 années bien sonnées. Il n’aura désormais plus d’excuse, plus de round d’observation, encore moins de cadeaux car ceux qui se sentent aujourd’hui humiliés par sa défaite vont prier, ne serait-ce que cela, pour qu’il échoue dans sa mission. Et les défis plutôt nombreux et coriaces :

– en 2018, Madagascar abritait 26,33 millions d’habitants ;

–  en 2018, le Produit intérieur brut était de 11,6 milliards de dollars.

– En 2018, le PIB par habitant était de 424 dollars ;

– ce qui avait fait conclure la Banque mondiale que 77,8% des Malgache vivaient sous le seuil de la pauvreté en 2012.

– Selon  l’IDH, en matière de développement humain, la Grande Ile est passée du 154e au 158e rang mondial en deux ans.

– Et en 2015, le revenu par habitant  en 2015 était de 1 320 dollars contre 3 383 dollars pour l’Afrique subsaharienne. Madagascar est classé 4e des pays qui produisent le moins de richesses.

– Subséquemment, le taux de chômage est 13%, soit 3,4% chez les moins de 24 ans.

En langage non chiffré, Andry Rajoelina n’a pas seulement remporté une victoire. Il vient aussi de soulever une montagne de problèmes qu’il devra résoudre s’il ne veut pas que son poids ne retombe pas sur lui, cassant ses frêles épaules de politicien précoce.

Ahmed BAMBARA

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