Vent de fronde sur la VDN, le QG du PDS ou ballon d’essai à l’endroit d’Abdoulaye Wade ? Peut-être les deux à la fois, avec l’épistolaire secret envoyé à l’illustre retraité versaillais, par son ex-ministre de la justice, Madicke Niang, suggérant de «trouver un plan B», en termes clairs, un autre porte-étendard que Karim Wade pour le parti pour la présidentielle du 24 février 2019.
A cinq mois d’une présidentielle à laquelle, celui qui l’a terrassé en 2012, avec panache, Macky Sall prendra part, le patron du PDS, a pris cette correspondance comme, un coup de poignard d’un Brutus, et à peine s’il ne s’est pas écrié «Madicke quoique tu fili ! ». Le candidat du PDS, reste et demeure aux yeux de son géniteur de père Karim Wade. Lui-même condamné par la CREI à six ans de prison et à des millions d’Euros d’amende pour sa gestion des activités du Ministère du ciel et de la terre et de ANOCI n’a dû la libéré qu’à un pacte qui demeure toujours secret, et au prix duquel, il a été exfiltré de la prison de Rebeuss pour aller couler un exil doré à Doha, d’où d’ailleurs, il vient de briser son devoir de réserve le 20 août dernier :
A la veille de la Tabaski, en effet, à la place de son message au peuple sénégalais, c’est un réquisitoire en bonne et due forme qu’il a tricoté contre Macky Sall, tout en maintenant sa candidature au scrutin présidentiel. On le voit, le père et le fils sont donc sur la même longueur d’ondes.
Problème : l’oukase juridique de la Cour suprême du 30 août se déclarant incompétente sur l’enrôlement de Karim sur les listes électorales, met définitivement fin à toute possibilité, pour le célèbre métis du pays de la Térranga, de compétir pour le mandat suprême. Et quand bien même, cela aurait été possible par extraordinaire, on voit mal comment en cinq mois, Karim pourrait débouler à Dakar, faire une campagne sérieuse et l’emporter. Alors pourquoi, malgré cet empêchement absolu «Gorgui» fait-il preuve d’un tel entêtement bovin ?
Certes, le PDS, c’est lui qui l’a crée en 1974 alors que sévissait le parti unique intégral imposé par le président Senghor. Tous ceux qui sont aux affaires de nos jours ou qui l’ont été sont ses fils spirituels tels, les Ousmane N’gom, Idrissa Seck et même l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, c’est lui qui lui a fait délivrer sa carte de militant lorsqu’il s’est présenté à son domicile au point E, après un meeting à Niarely, il y a plus de 30 ans ! Certes, il demeure un infatigable combattant politique, et l’a démontré l’année dernière en descendant dans l’arène pour les législatives à 91 ans sonnés.
Il semble enfin vivre mal (même s’il affirme le contraire) sans le pouvoir, et tient mordicus à une revanche par son fils biologique, son sang. Mais hélas, pour 2019, cela semble relever d’une ultime lubie, d’un vieil homme qui même si à 92 ans a toujours bon pied, bon œil, (on vit centenaire chez les Wade), fait un rêve irréaliste. À moins que ce ne soit pour 2026 !
Ou peut-être est-ce encore, un de ses derniers dribbles, dont Abdoulaye Wade a le secret, lui le maître es contre-pied, qui n’est jamais là où on l’attend le plus. C’est-à-dire qu’il pourrait d’ici quelques jours tourner casaque et intimer au PDS de se trouver un candidat fissa. Un scénario pas du tout farfelu, car on l’a vu en 2012, après avoir tenté tous les plans pour s’accrocher au pouvoir (révision constitutionnelle, quart bloquant…) Wade n’a pas attendu, la proclamation des résultats pour dérocher son téléphone et féliciter son tombeur Macky Sall. C’est ça le Sénégal, où il y a toujours une ligne rouge qu’aucun politique ne franchit, et qui fait que ce pays demeure un des phares de la démocratie en Afrique. Espérons que ce label se poursuivra.
Zowenmanogo ZOUNGRANA
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