Gouverner, c’est prévoir, et même si les pics épidémiques ne sont pas encore visibles, même si la lutte quotidienne contre le Covid-19 reste la priorité absolue pour presque toute la planète, on songe déjà aux effets désastreux, sur le plan économique et financier du coronavirus.
Et si l’Europe et même l’Amérique, pensent déjà à une refondation du système libéral actuel, voire à l’adoption d’un nouveau paradigme, l’Afrique y songe aussi et qui plus que le président en exercice de l’UA pour tracer les linéaments d’une reprise des activités économiques africaines (déjà aux abois à maintes endroits) dans l’après-Covid-19 ?
Ainsi donc Cyril Ramaphosa le n°1 sud-africain et patron en exercice de l’UA a désigné 4 personnalités, 3 hommes dont les barbes ont blanchi sous le harnais des arcanes financiers et une femme qui a su aussi bien nouer son pagne dans les salons cosy des institutions financières internationales pour défendre l’Afrique, et qui été grande argentière de son pays le Nigeria, «4 fantastiques» donc pour ce boulot.
1) Tidjane Thiam dont le récent licenciement comme CEO du crédit suisse, celui-là même qui a hissé l’assureur britannique Prudential au rang des premières assurances du monde, n’est pas n’importe qui de par sa naissance que par son pédigrée qui en imposent. C’est un neveu du président ivoirien Houphouët-Boigny, c’est un X, c’est-à-dire un polytechnicien qui a la réputation de maîtriser tous les secrets de l’ingénierie financière. Mieux, il a les qualités de manageur sur le développement de l’Afrique. Bref, c’est un leader qui a la vision.
2) Que dire de Donald Kaberuka, l’ex-ministre des Finances du Rwanda, qui mena la BAD en tant que président sur des berges prometteuses et qui œuvra à hisser l’Afrique sur le plan du développement ? A la BAD, il a montré le chemin du financement du développement en Afrique, et de nos jours son expertise est d’ailleurs sollicitée partout. Le choix porté sur sa personne lui va d’ailleurs comme un gant, car il dirige le Fonds global, une organisation missionnée pour lutter contre le paludisme, la tuberculose et le Sida.
3) Qui ne se souvient pas du très compétent ministre des Finances sud-africain sous Jacob Zuma, Manuel Trévor, dont le licenciement avait fait chuter le Rand, la monnaie de la nation arc-en-ciel, tant l’homme avait imprimé sa marque dans la politique économique et financière du pays de Mandela ?
Pressenti en 2011 pour succéder à Dominiques Strauss-Khan à la tête du FMI, l’homme avait su minorer les inégalités sociales en Afrique du Sud, et est de nos jours PCA d’Old Mutual, la plus grande institution d’assurance-vie en Afrique qui totalise plus d’un millier d’entreprises.
4) Ngozi Okanjo-Iweala est l’égérie du monde financier au Nigeria, et une femme introduite en Afrique et dans le monde. Aguerrie à la Banque mondiale par son rôle dans le financement des projets, économiste de la santé, elle s’est occupée également des questions de santé publique. Avec la manne pétrolière, elle a développé un spectre d’établissements hospitaliers et préside actuellement le Conseil d’administration de Gavi Alliance, ONG qui protège les indigents contre les épidémies.
Cyril Ramaphosa n’a donc pas jeté son dévolu sur ces 4 missi dominici de l’UA par pur hasard. Il sait compter sur leur compétence, entregent, «africanité» et leurs carnets d’adresse pour rassembler les moyens financiers en vue d’amortir un choc post-Covid-19 qu’on subodore violent.
Mais en même temps, il sait que c’est la mer à boire, car le même coronavirus a secoué l’économie mondiale. Les places boursières font de temps en grise mine. Et les mêmes pays amphitryons ont connu les ravages du même virus, même si des annulations de dettes et des aides ponctuelles sont promises çà et là.
Alors mission impossible pour ces «4 fantastiques» à l’image de leurs homologues fictifs de Marvel ?
Sam Chris
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