Charles Michel au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Bénin : Malgré la géopolitique défavorable, l’UE ne lâche rien

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C’est une visite pleine de symboles et imposée par la realpolitik qu’effectue le président du Conseil européen, Charles Michel. Dakar, première étape de cette tournée africaine en donnera le tempo.  Hier lundi 22 avril il a été reçu dans un premier temps par le ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Yacine Fall, avant une audience avec le tout nouveau chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye présenté comme un «homme de rupture» et dont on attend les premières grandes décisions. L’agenda a été évidemment bien choisi par l’UE qui n’entend pas se faire surprendre par les nouveaux «maîtres» du Sénégal déterminés à remettre tous les accords sur la table pour une renégociation.

En clair, il s’agit d’une tournée aux enjeux énormes pour l’UE et ses membres de plus en plus en difficulté en Afrique. Cela montre à souhait qu’en dépit du fait qu’un des grands pays de l’UE, la France en l’occurrence est en divorce avec certains pays de l’ex-pré-carré, l’UE continue même dans ces pays (Burkina-Mali-Niger) à déployer sa coopération. Charles Michel en se rendant en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Bénin, confirme si besoin était qu’en dépit de la présence russe, et d’un sale temps pour les Occidentaux, l’UE reste un partenaire fiable.

Evidemment, ces 3 pays restent comme qui dirait dans le giron français, du moins, ils ne sont pas fâchés contre l’ex-Métropole, et il est de bon ton que l’UE fasse cette offensive diplomatique et économique. Lors des échanges nocturnes, les deux hommes discuteront de l’état de la coopération multilatérale entre le Sénégal et l’Union européenne, avec un accent mis sur les sujets de l’énergie, de la migration et de l’exploitation des ressources naturelles. Cette rencontre sera l’occasion pour le successeur de Macky Sall de partager plus en détails sa vision du partenariat stratégique entre le Sénégal et l’Europe et de la Communauté internationale de façon générale. A Abidjan en Côte d’Ivoire, le contenu des échanges avec Alassane Ouattara sera différent qu’à Dakar, et l’excellence des relations entre ce pays et l’UE sera magnifiée avec l’espoir de voir les choses se poursuivre de fort belle manière. Mais à Cotonou, ils pourraient prendre un air beaucoup plus craintif si l’on s’en tient à la couleur de la météo politique de fin de mandat de Patrice Talon. A y voir de près, les risques de voir cette fin de mandat surchauffée sont énormes, et la purge qui a lieu au sein du parti majoritaire en est un des indicateurs de ce manque de sérénité.

A coup sûr, Charles Michel en tant que fin connaisseur des palais présidentiels saura jouer sa partition pour faire l’économie des frictions inutiles et engranger le maximum d’assurances de la part de ses hôtes. Mais, il importe de dire qu’en dépit de ses prises de positions tranchées, Diomaye Faye grand pourfendeur du néocolonialisme, devra faire preuve de prudence car  le pays de la Teranga a toujours des atomes crochus avec la France et de facto, avec l’UE. Charles Michel vient donc rappeler que malgré la tourmente géopolitique, les affaires restent au cœur du partenariat entre son organisation et ces 3 pays, îlots non encore pris par le pouvoir kaki. Mais, il sait qu’il y a les dirigeants, et il y a la jeunesse, une jeunesse qui aspire à autre chose dont les regards n’ont pas nécessairement la même direction que leurs aînés. C’est à ces jeunes que l’UE devra convaincre que le partenariat newlook forcément vaut la peine d’être tentée.

La rédaction

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