Un hasard de circonstances ou une orchestration humaine ? La question peut être posée au regard de la série de déconvenues qui tombent sur la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en République démocratique du Congo (RDC). Un incendie s’est déclaré dans un entrepôt important à Kinshasa. Près de 10 000 machines à voter ainsi que d’autres matériels non moins importants sont partis en fumée. C’était du matériel qui était destiné au vote des citoyens kinois.
Mais ce n’est pas tout. Des fiches qui doivent servir à afficher les résultats du scrutin traînent toujours les pieds en Afrique du Sud, comme se prélassant dans les imprimeries qui doivent les faire naître. Un bronzage qui ne fait pas l’affaire de la CENI puisqu’il reste 9 jours avant le début du scrutin et ces documents doivent être répartis entre les 75 000 bureaux de vote qui maillent toute l’étendue du territoire congolais.
Mais ce n’est toujours pas fini ! Les agents des bureaux de vote sont toujours en formation. Ceux qui doivent donc animer les centres de vote, guider les électeurs, n’ont toujours pas fini leur formation et sont encore au stade d’apprentissage de la maîtrise de leur matériel.
Si un étranger débarque en RDC, il pourrait croire que l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 a surpris le pays et les organisateurs. Il est incompréhensible qu’au stade actuel, le matériel essentiel ne soit pas déjà prêt et les ressources humaines nécessaires au déroulement du vote ne sont pas encore capables de répondre présent. On est alors en droit de se demander ce qui se passe dans la maison électorale. Pourquoi autant de geysers d’impréparation fusent de la maison commune ? De quels ingrédients ont-ils manqué pour que la cuisine soit parfaite et digeste à temps nommé ?
Comme si ce n’était pas assez suffisant, voilà qu’un entrepôt part en fumée avec le vote de Kinshasa. Oui, la CENI assure que les 7000 à 8 000 machines qui ont passé de matériel à cendres peuvent être rapidement remplacées par les remplaçantes qui étaient prévues en cas de bévues du matériel convoyé dans les provinces. Mais la CENI ne fera que déplacer un problème à la place d’un autre. Car, si les remplaçants rejoignent Kinshasa, quelle est la solution de rechange si les « titulaires » tombent en panne ? Les bureaux de vote concernés devront-ils considérer qu’ils seront exclus du scrutin ?
En un mot comme en mille, cette élection ne se présente pas de la rassurante des manières. Le couac technique de la CENI et la fougue incontrôlable des militants du pouvoir et l’opposition bicéphale peuvent rapidement transformer ce rendez-vous attendu depuis tant de temps en cauchemar. Si c’est le sort, vivement qu’il soit vaincu par l’esprit saint de la Providence. Et si c’est une main invisible mais humaine, ce serait appréciable qu’elle cesse ses sabotages car cela ne rend absolument pas service à la RDC. Loin de là.
Ahmed BAMBARA
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