La CEDEAO entre mission exploratoire, d’info et embarras au Togo : Mieux vaut avoir Faure avec soi …

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Comme elle s’en est donnée prérogatives, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est souvent appelée à jouer un rôle crucial dans la résolution des crises politiques et institutionnelles au sein de ses États membres. Après le Niger en juillet dernier, c’est maintenant le Togo qui est au centre de l’attention de l’organisation sous régionale qui se retrouve tout de même dans une position délicate. En effet, en décidant de se «mêler» dans la crise née de l’adoption d’une nouvelle constitution suscitant ainsi de vives réactions et cristallisant les querelles avec l’opposition, la CEDEAO se met sur une ligne de crête. Au point de se retrouver en l’espace de 24h (entre lundi 15 avril et mardi 16 avril 2024) dans un embarras concernant sa position dans cette crise togolaise, pour ne pas dire qu’elle est gênée aux entournures.

En annonçant le lundi 15 avril l’envoi d’une mission exploratoire à Lomé alors que la campagne pour les législatives et régionales bat son plein dans un climat de suspicion, l’organisation régionale s’est comme dédit le lendemain, le mardi, pour parler désormais de mission d’information. La nuance est importante. Pour comprendre cette évolution, il faut se tourner vers le Niger et les événements qui ont suivi le putsch du 26 juillet 2023. Après le coup d’État au Niger, la CEDEAO a dû réagir rapidement. Elle a envoyé une mission exploratoire pour évaluer la situation sur le terrain. Cette mission a permis de recueillir des informations cruciales et d’orienter les décisions ultérieures de l’organisation. La CEDEAO a appris que la précipitation dans le choix des mots et des actions peut avoir des conséquences importantes. Et la suite on la connaît : le Niger et deux de ses voisins ont décidé de claquer la porte de l’organisation. C’est dire qu’avec la situation nigérienne reste un cas d’école pour la CEDEAO.

Par ailleurs, il est important de souligner que le président togolais Faure Gnassingbé est un acteur-clé dans cette sous-région tourmentée politiquement et sécuritairement. Son flair géopolitique lui a permis de devenir un véritable missi dominici pour la CEDEAO. Et l’organisation devrait se garder de se fâcher avec lui, sachant que les pays de l’AES (Burkina, Mali, Niger) ont une oreille attentive à son endroit, et même les autres voisins, toutes choses qui rendent la CEDEAO très prudentissime. Pour tout dire, la CEDEAO préfère avoir Faure avec soi que contre soi. Et en convoquant l’histoire récente, elle n’a pas tort. C’est dire donc qu’elle navigue entre prudence et responsabilité dans sa gestion de la situation politique au Togo. Dans la recherche de cet équilibre délicat entre diplomatie et fermeté, il y a bien évidemment le risque que la CEDEAO se retrouve en position de funambuliste en paraissant aux yeux de bon nombre d’observateurs comme voulant ménager toutes les parties. D’autant que le changement de Loi fondamentale est un crève-cœur pour l’opposition et pain béni pour Faure.

Adoptée dans la nuit du 25 au 26 mars dernier, cette nouvelle constitution bascule non seulement le Togo d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire mais surtout remet les compteurs à zéro pour le président Faure Gnassingbé qui a comme renouvelé son certificat de pouvoir. Il aura en 2025, deux décennies de pouvoir. Et même si cette nouvelle Constitution est crisogène, Faure est élu par les urnes. Evidemment, on peut opiner sur le processus des scrutins, mais il a été élu et réélu. Et tout porte à croire qu’avec cette opposition qui n’a véritablement pas un homme de consensus, une opposition qui a déçu aussi avec la seconde génération d’opposants, tout porte à croire que difficilement, elle pourra empocher la timbale électorale le 29 avril prochain.

La REDACTION

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