A cette 3e audience de son procès «pour avortement illégal», au Maroc la journaliste Hajar Raissouni, a trouvé un soutien très fort et quel soutien : ses sœurs et mères au nombre de 490 qui, à travers une tribune libre dans les médias ont pris sans équivoque la défense de la reporter du quotidien indépendant Akhabar Al-Yaoum.
Quasiment comme les «343 salopes» (cf. Charlie Hebdo du 12 avril 1971), qui dans un manifeste dans le Nouvel observateur s’érigèrent en précurseur de la Loi Simone Veil sur l’IVG, avec leur «Je soussigné avoir avorté», les 490 femmes libres du Maroc, ne disent pas autre chose dans leur écrit peut-être en mots plus enrobés puisque le «Mon corps m’appartient, il n’est ni à mon père, ni à mon mari, encore moins à l’Etat» vaut toutes les plaidoiries et tous les mémoires en défense.
Arrêtée à la sortie d’une clinique à rabat le 31 août dernier avec son compagnon et écrouée, Hajar Raissouni, 28 ans est soupçonnée d’avoir avorté, fruit de rapports sexuels délictuels puisque hors mariage. S’en suivront une contre-expertise médicale forcée pour aboutir à la conclusion que la jeune femme a commis un avortement, acte condamné par la Loi, et réprimé par 2 ans de prison ferme.
Les organisations de droits-de-l’hommistes, avec Human Rights Watch en tête ont condamné une violation des droits élémentaires de la jeune femme, et au-delà du cas d’Hajar Raissouni, c’est le code pénal marocain même concernant ce domaine qui est indexé.
Ainsi, le Conseil national des droits humains marocain proposera dans les jours à venir un toilettage de ce code pénal, tandis que le parti de la justice et du développement (PJD), au centre de ceux qui sont pour ce procès reste aux aguets.
Depuis l’ouverture du procès le 9 septembre 2019, les soutiens de l’accusée se multiplient, dans un Maroc, de plus en plus où souffle un vent de liberté avec un roi M6 moderne, et où de plus en plus, le Mekhzen sévit de moins en moins, Hajar Raissouni peut effectivement compter sur de nombreux avocats anonymes, à commencer par ses consœurs. Quel délibéré pour ce procès qui fera date, car il pose une jurisprudence dans le Royaume alaouite ? Hajar Raissouni échappera-t-elle à une condamnation ? Quel effet produira cette sortie tonitruante des 490 femmes ?
Sam Chris
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