RD Congo : Une nouvelle loi léonine qui arrange Kabila

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Adoptée dans la nuit de lundi à mardi dernier, la nouvelle loi électorale dont le retard est selon le président de la CENI, une des explications du blocage du processus de vote, cette nouvelle loi introduit trois nouveautés qui stipulent que :

- le nombre de sièges est déterminé selon le nombre d’électeurs, et plus selon celui des habitants.

- Pour compétir aux législatives, il y a désormais un pourcentage de représentativité, celui de 3%, calé à 5% pour les élections provinciales. Un prorata qui vise à  faire le tamis pour écarter les candidats-saltimbanques qui gonflent le coût des élections en RD Congo. En rappel, la présidentielle de 2006 fut l’une des plus exorbitantes du continent.

- Enfin, plus on brigue de siège, moins la caution est élevée. A vue d’œil ce triptyque d’arsenal juridique est censé mettre de l’ordre dans les élections de ce pays, cinq fois plus grand que la Belgique, et on n’aurait rien trouvé à redire, sauf qu’il y a des arguments dirimants, à commencer par l’absence des députés de l’opposition à l’hémicycle. Les députés du PPRD et satellites, le parti présidentiel ont beau être majoritaires et Kabila a beau avoir froissé et jeté à la poubelle l’Accord de la Saint-Sylvestre, il y a une grande gêne et même un caractère caduc à ce vote, car une telle loi ne saurait ne pas avoir reçu l’imprimatur des élus du Rassemblement de l’opposition et prospérer.

Et encore ! La pilule, qu’on n’a même pas pris le soin d’enrober est coriace à avaler y compris dans le camp présidentiel, tel le cas du député Henri Thomas Lokondo qui a décidé de saisir la Cour constitutionnelle. La nouvelle loi, passe donc mal, dans les deux  camps, car rien que pour le seuil de représentativité, les indépendants sont d’office hors-jeu, car ils sont désormais sous le coup d’un chiffrage indirect, au lieu du direct.

A cette problématique d’inconstitutionnalité, cette loi draine un parfum, de balise de terrain pour un Kabila décidemment, fin calculateur. En effet, nanti  de son second glissement, qui lui laisse largement le temps jusqu’en décembre 2018, c’est-à-dire l’horizon 2019, le maître de Kinshasa essaie déjà, de se tailler une large majorité au parlement question de pouvoir bien gouverner sans turbulences, exceptions faites du remue-ménage  de l’opposition.

Loi inique, loi léonine taillée pour jeune dictateur qui ne compte partir de sitôt des lambis dorés de la présidence. Seules les luttes multiformes, politique, société civile, et un holà de la communauté internationale pourraient arrêter ce blitkrieg politique kabilien, qui s’est assis sur tout , pour conserver son pouvoir.

Et qui dit lutte dit sacrifices. Les opposants sont-ils prêts à engager cette bataille, sans concession pour la vraie alternance ? Pour peu qu’ils se décident vraiment, le peuple les suivra, car seul ce peuple congolais peut déjouer le piège du Raspoutine du Palais de la Nation . 

Sam Chris

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