Refus de Moscou de prolonger l’Accord céréalier : Poutine va-t-il condamner les Africains à serrer encore la ceinture ?

Refus de Moscou de prolonger l’Accord céréalier : Poutine va-t-il condamner les Africains à serrer encore la ceinture ?

A partir de minuit d’hier, c’est-à-dire 22h GMT, le monde et l’Afrique vont-ils se retrouver dans la même situation alimentaire, comme au début de «l’opération spéciale» russe en Ukraine, rhétorique kremlinienne pour désigner la guerre déclenchée en février 2022 ? Un Accord vital pour 79 pays et 349 millions d’âmes.

 A l’heure où ces lignes sont tracées, Moscou maintient toujours mordicus son refus de prolonger l’Accord céréalier ukrainien obtenu il y a juste un an en juillet 2022, lequel modus vivendi expirait hier à 22h GMT.

Et si ce statu quo demeure tel, cela veut dire, que les soutes des bateaux pleines de blés, d’engrais, de maïs ou soja, ces bateaux amarrés en mer baltique resteront à quai, car Moscou n’a pas renouvelé l’Accord. Ce qui condamnera le monde entier à des difficultés alimentaires, pas seulement les pays du Sud, mais l’UE et les USA.

La raison de ce blocus selon Dimitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, est que les conditions ne sont pas remplies pour débloquer la situation, en clair, il y a «des entraves aux exportations du blé, des fertilisants et autres matières premières russes». Accusée : l’Union européenne.

Si la Russie ne lève pas cet embargo, le prix du pain, des pâtisseries et plusieurs autres produits, y compris l’agriculture dans son ensemble va flamber. D’où une inflation imparable. Quid de l’Afrique dans cette histoire d’Accord céréalier ?

Sur les 33 millions de tonnes exportées depuis l’année dernière, 3% ont profité aux pays africains et ceux du Sud, 3% ça paraît infime, mais ils représentent quelque chose d’essentiel pour le continent. Alors si l’Accord céréalier n’est pas reconduit la valse des prix des denrées sera haussière, et l’inflation sera forcément à 2 chiffres !

Les pays du Sud, notamment africains, dont beaucoup dépendent des engrais russes et ukrainiens seront obligés de faire dans la subvention tous azimuts. Surtout pour certaines cultures de rente comme le coton, des pays tels le Burkina, le Mali, le Bénin qui sont cotonniers subventionnent «l’or blanc». Or, c’est les fonds qui manquent le plus. Déjà très endettés, poursuivis par des créanciers (Chine, Club de Paris) et dont les Budgets sont biberonnés par des aides additionnelles bilatérales ou du FMI et Banque mondiale, un non-Accord maintenu, sera une catastrophe pour les Africains.

Alors question : le président Poutine va-t-il maintenir cette position au risque sinon d’affamer les Africains, au moins leur faire serrer davantage la ceinture ? A quelques semaines du sommet Russafrique de Saint-Pétersbourg, le maître du Kremlin va-t-il et peut-il ignorer des amis africains tels que le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, l’Algérien Abdelmadjid Tebboune ou le Centrafricain Touadéra ou encore le Malien Goïta et le Burkinabè Traoré ?

Si par contre, Moscou lève la main, ce sera un ouf de soulagement pour l’UE, les USA lesquels ont parlé «d’acte de cruauté» ou «cynisme», mais vue d’Afrique, une telle attitude sera appréciée à l’aune de cette géopolitique dont par exemple le Sahel est le théâtre in vivo.

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR