Une fois n’est pas coutume. Le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a annoncé que 2 milliards de F CFA seront débloqués pour faire face aux dégâts causés par le déluge qui s’est abattu sur Abidjan, semant la graine du deuil dans le cœur d’une vingtaine de familles et provoquant dégâts et désolation dans les fondations de plusieurs centaines d’habitations, d’infrastructures et d’immeubles.
Le Chef de l’Etat, en plus, s’est retroussé le bas du pantalon et les manches pour faire le tour des zones et des personnes pour apporter réconfort et propos apaisants. Certes, ces gestes ne peuvent remplacer l’absence d’un proche, arraché brutalement à l’affection de ses aimants par la colère de la nature. Mais c’est une consolation qui écarte les rideaux de larmes qui pleuvent actuellement sur les joues des Ivoiriens après le passage de la pluie charriée par les doigts parfois cruels de dame Nature.
Quatre fois 500 millions de F CFA, ce n’est également pas une somme d’argent qui court les rues et qui peut être débloqué aussi facilement dans ce contexte où la rareté des ressources prenne au cou les hommes et les nations. Cette décision tombe donc à pic pour essayer de laver le visage d’une capitale économique qui a reçu méchamment en pleine figure, comme une tarte lancée par une main mal intentionnée, cette flopée de boue et d’eau.
Mais comme on l’a répété dans ces colonnes, il ne faut pas simplement regarder l’endroit où la nuque a touché le sol avec peine et souffrance, mais plutôt le lieu où l’orteil a trébuché, envoyant tout le corps dans le décor de la douleur. D’abord, les changements climatiques ont leur part de culpabilité à justifier dans cette catastrophe. Mais ne sont-ils pas le fait de l’homme ? Voilà pourquoi, ensuite, à défaut de la cuiller d’oxygène de la Côte d’Ivoire dans l’océan de pollution au gaz carbonique et à effet de serre du monde entier, ses habitants pourraient commencer à adopter des attitudes responsables dans leur comportement quotidien. Et Alassane Dramane Ouattara semble avoir déjà dans son objectif une partie du problème : les constructions sur les voies d’eau.
Les eaux d’une pluie peuvent être d’une grande quantité. Mais celle-ci deviendra encore plus dangereuse si elle n’a plus de route pour passer. La Nature a horreur du vide, mais l’eau en a encore plus contre les obstacles. Si elle est obstruée, elle creusera et trouvera sa voie, au grand dam des êtres et des choses qu’ils ont construites. « Nous serons très fermes à l’endroit de ceux qui construisent sur les voies d’eau », a dit ADO. Il serait souhaitable que ce ne soit pas qu’une vue de l’esprit, et que les autorités illustrent la parole par l’exemple en dotant également leurs villes d’un plan d’urbanisation clair et désormais au parfum des conséquences désastreuses des changements climatiques.
Ahmed BAMBARA


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