Hier mardi 22 septembre 2020, le Mali a célébré le 60e anniversaire de son indépendance. Placée sous le sceau de l’union, c’est dans un climat à la fois d’incertitude et d’espoir que la junte militaire au pouvoir depuis le 18 août dernier par la voix du colonel Assimi Goïta, nommé la veille vice-président a appelé à l’union des fils et filles du Mali. Saisissant l’occasion de cette commémoration, le désormais numéro deux de la transition en gestation a saisi l’occasion pour «remettre au gout du jour», cette promesse de vaincre le terrorisme qu’avait faite Ibrahim Boubacar Keïta, (le président déchu) à ses compatriotes.
Dans ce pays, en soixante ans d’indépendance, c’est la quatrième fois que l’armée fait intrusion sur la scène politique, pour dit-elle ramener les choses sur les rails. En vérité, Assimi Goïta et ses camarades du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), n’ont fait que se glisser par une porte entrebâillée depuis les années 1968. Cette culture raccourcis kaki qui a fini par s’imposer au pays de Modibo Keïta est symptomatique de la carence de l’offre politique et de la fragilité des institutions démocratiques.
Depuis les indépendances formelles, le Mali à l’image de plusieurs pays de l’ex-glacis français n’ont pas réussi à répondre aux réelles aspirations des populations. Des populations de plus en plus jeunes et dont les attentes se complexifient et s’amplifient. Mal-gouvernance, corruption, népotisme, injustice, favoritisme, détournements de deniers publics,… sont devenus le sport favori des dirigeants qui sont passés maîtres dans la jouissance (des faveurs) du pouvoir que dans son exercice.
Si le coup d’Etat du 18 août dernier, est passé comme une lettre à la poste, c’est bien parce que le régime qu’incarnait IBK, en dépit de l’espoir qui a accompagné son élection, s’est illustré négativement dans la conduite des affaires du pays. Prévarication, impéritie, incapacité à juguler l’insécurité ont marqué d’un fer rouge le régime tombé.
Aujourd’hui, avec la Transition qui peine à se mettre sur pied, le Mali, est plus que jamais dans l’œil de cyclone. Dans ce climat politique caractérisé par des dissensions entre les militaires et le M5, fer de lance de la contestation qui a conduit au coup de force du CNSP, il est certain que le bébé qui sera présenté au peuple malien et à la communauté internationale risque d’apporter plus de malheurs que de bonheur.
A moins vraiment que le tandem N’Daw-Goïta ne se surpasse. Pendant ce temps, le péril djihadiste qui couvre plus de la moitié du territoire, n’attend pas et déploie ses tentacules comme il le peut au grand dam des populations tétanisées par ses incursions sanglantes. Ainsi, comme sous le règne du président IBK, les Maliens continuent de se chercher au propre comme au figuré.
Et dans l’attente d’une équipe gouvernementale à même de s’attaquer aux urgences du moment, le Mali montre un visage blafard et les cœurs des maliens sont dans la diète. 60 ans après le soleil des indépendances, les Maliens ne savent plus à quel dirigeant se vouer, et les lendemains sont toujours assombris.
Davy Richard Sékoné
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