«Ligne rouge» selon le président Tshisekedi, pas question de parler à ceux qui tuent, pillent et violent à Goma, éructe-t-on à Kinshasa.
Partout en RD Congo, le M23 c’est le diable et pas question de parler avec ce dernier, même au téléphone, à fortiori de visu ! Partout au Congo ? Pas si sûr. Puisqu’hier, l’Eglise qui, dans ce pays a toujours fait entendre sa voix en politique et dans la gouvernance et ce n’est pas quand la RD Congo est attaquée, qu’elle se claquemurera dans un silence qui frisera un abandon de ses ouailles ! cette Eglise a parlé hier au cours d’une conférence de presse. D’où sa sortie pour dire qu’il faut un grand brainstorming avec tous les protagonistes de la crise du Nord-Kivu, y compris le M23 ! On croirait entendre Corneille Nanga, patron de l’AFC ou un officiel rwandais ou même un rebelle du M23 !
En tout cas, tout sauf un Congolais, car partout dans les discours officiels et officieux, évoquez même l’éventualité d’un dialogue avec cette rébellion qui a pignon sur des quartiers à Goma, s’apparente à de l’apatridie, voire d’intelligence avec l’ennemi, un crime dans cette RD Congo, sourcilleuse sur cette éternelle guerre au Nord-Kivu !
Pas de solution pour Goma sans entente avec tout le monde, y compris le M23, notre rôle n’est pas de diaboliser ou d’angéliser qui que ce soit, mais de parler de la paix. Telle est la substantifique moelle du sermon de l’Eglise congolaise, a affirmé en substance le pasteur Eric Ntinga.
Le fruit de cette posture a été d’ailleurs remis au président félix Tshisekedi qui l’a réceptionné sans ambages. Influera-t-il sur la posture du chef de l’Etat ? Lui-même sachant que la RD Congo est sur la défensive ne va-t-il pas comme nous l’avons écrit prendre le «chemin de Damas» ?
C’est un sermon qui a l’avantage de la clarté, du réalisme et du pragmatisme, certes qui semble jurer avec un patriotisme invoqué à tout bout de champ dans ces moments de guerre, mais qui a l’heur de poser le problème cru, et des piste de solution.
Enfin, cette position de l’Eglise congolaise semble déblayer le terrain à J-2 du sommet EAC-SADC, terrain semé de sables mouvants et de ronces du fait même que le M23 sera le plat principal, puisqu’il est l’acteur incontournable dans l’interminable guerre du Kivu. Alors que le M23 a rompu son cessez-le-feu décrété unilatéralement, le 3 février 2025, en faisant le coup de feu, hier 5 février contre les FARDC du Sud-Kivu, notamment à Katé, mettant de l’eau au moulin de tous ceux qui étaient circonspects et signifiant par-là que Bukavu, la capitale du Sud les intéresse, alors donc que sur le terrain, la situation demeure volatile, catholiques et protestants donnent de la voix discordante mais audible.
Ce sermon des représentants terrestres du pouvoir intemporel est aux antipodes de la position officielle, mais ne saurait être ignoré, eu égard qu’il est pertinent et que in petto même le président Félix Tshisekedi sait que c’est le terrain qui commande la manœuvre. A Dar-Es-Salam, nul doute que ce conseil des Eglises du Congo lui aiguillonnera lors du sommet.
La REDACTION


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