Excepté la Roumba, ses grandes stars, ses jeux de reins endiablés et ses extravagances, le nom RD Congo évoque plus d’ombres sombres que de gaieté.
Rien que le week-end dernier, l’actualité s’est focalisée sur l’éboulement d’une mine de cobalt située dans le sud du pays. On parle de plus d’une trentaine de morts, qui viennent s’ajouter aux chiffres macabres des conflits internes, jalonnés de deuils, de tristesses et de grandes incertitudes.
De ce point de vue, toute exploit, fut-t-il partiel, devient une bouée de sauvetage sur laquelle, chaque Congolais accroche l’espoir d’un éclairci fraternel, loin des bruits de canon et des calamités engendrés par les ambitions débordantes de quelques assoiffés politico-financiers.
A Rabat le dimanche dernier, les Léopards se sont qualifiés pour les barrages intercontinentaux de la Coupe du monde 2026 après sa victoire aux tirs au but face au Nigeria. Cette performance, attendue depuis des décennies, ravive une ferveur populaire immense à travers le pays et replace les Léopards à quelques pas d’un retour historique sur la scène mondiale.
L’exploit congolais s’est écrit au terme d’un match étouffant disputé à Rabat. Le Nigéria avait ouvert le score très tôt mais la RDC avait su réagir avant la pause grâce à Meschack Elia. Après une lutte éprouvante jusqu’au bout du temps réglementaire et jusqu’en prolongations, les deux nations ont dû se départager lors de la séance de tirs au but. Les Congolais se sont imposés par quatre tirs réussis contre trois pour le Nigeria, scellant une victoire qui restera dans les mémoires.
Contrairement à ce qu’on peut penser, cette qualification, ne doit rien au hasard. Elle s’inscrit dans un parcours construit avec patience depuis les phases de groupes. La RDC avait terminé deuxième de son groupe derrière le Sénégal grâce à une campagne solide ponctuée de victoires importantes qui avaient confirmé la montée en puissance de l’équipe. Ce parcours avait permis aux Léopards d’accéder à la phase des barrages africains, où ils ont confirmé leur statut d’équipe capable de rivaliser avec les plus grandes sélections du continent.
Ce retour au premier plan intervient plus d’un demi-siècle après la dernière participation de la RDC en Coupe du monde. Le pays, qui s’appelait alors le Zaïre, avait disputé le Mondial en 1974. Depuis, aucune génération congolaise n’avait réussi à franchir les différentes étapes menant à la compétition planétaire. La qualification pour les barrages intercontinentaux du mois de mars prochain au Mexique remet donc le pays à portée d’un retour historique. Il reste désormais quelques rencontres décisives à disputer dans un mini-tournoi réunissant plusieurs confédérations. Deux billets seront attribués et la RDC devra encore livrer une bataille intense pour décrocher l’un d’eux. Les supporters congolais en sont conscients, mais l’espoir n’a jamais été aussi fort.
La victoire face au Nigeria a déclenché une vague de célébrations à Kinshasa et dans plusieurs grandes villes. Dans les rues, chants, klaxons et danses ont salué l’exploit des Léopards. Les autorités ont déjà annoncé qu’une grande cérémonie d’accueil attendrait les joueurs à l’aéroport, signe que cette qualification qui laisse entrevoir le Mondial, dépasse le simple cadre sportif. Elle symbolise un moment d’unité dans un pays confronté à des crises et des tensions internes, notamment dans certaines régions de l’Est.
Ce succès partiel redonne du souffle à tout un peuple, offre une parenthèse d’enthousiasme collectif et rappelle la force du sport lorsque le pays en a le plus besoin. La RDC, déjà qualifiée pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, confirme son renouveau footballistique. Les Léopards continuent de faire vibrer la nation, portés par une volonté politique et une forte énergie populaire retrouvée. Le dernier défi se jouera en mars, mais d’ores et déjà, la RDC a redonné foi à des millions de supporters et ravivé le rêve d’un retour sur la plus grande scène du football mondial. C’est déjà cela de gagné !
Cet accueil triomphal à l’aéroport de Ndjili revêt donc un double caractère :
– Le onze national est l’emblème national de ce pays de football, et si les Léopards se savent aussi soutenus par le peuple et les dirigeants, ils peuvent ainsi compter sur ce mythique 12e joueur, inexistant sur le terrain, mais oh combien efficace ! Le match qui lui reste à cette équipe congolaise, est déterminant, et ce soutien populaire, pourrait être décisif lors de la rencontre.
– La RD Congo empêtrée dans ses équations politico-militaires à Kinshasa et au Sud et Nord-Kivu avait besoin de ce genre d’exutoire pour oublier un tant soit peu ses soucis. Le football, c’est connu, rapproche les peuples, mais soude les populations. Lorsque le président du pays remet le drapeau national à l’équipe à l’orée d’une compétition africaine ou mondiale, ça signifie plus haut que l’équipe monte, plus le pays compte diplomatiquement. En accueillant en liesse hier 17 novembre 2025 les Léopards, la RD Congo s’offre une catharsis par le football, ce qui permet d’expectorer le grand stress, les angoisses et les pires scénarii. Le temps de quelques heures, ça aide toujours.
Hamed JUNIOR
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