Adhésion du Togo à l’AES : Que dit la parole tribunitienne de Faure Gnassingbé ?

Adhésion du Togo à l’AES : Que dit la parole tribunitienne de Faure Gnassingbé ?

 

Un ministre des Affaires étrangères est un sherpa officiel du chef de l’Etat. Il dit haut la chorégraphie diplomatique tracée par le président de la République, avec les mots, adverbes et adjectifs propres à lui !

Alors, quand le patron de la diplomatie togolaise au détour d’une interview, sur la chaîne de télévision Vox Africa, de l’homme d’affaires camerounais Paul Kammogne Fokam, fend un peu l’armure sur une éventuelle adhésion du Togo à l’AES, nul ne peut se dire que l’affable Robert Dussey s’est aventuré sur un terrain fangeux, dont il ne maîtrise pas les coins et recoins. Florilèges des propos ministériels «Le Togo peut-il rejoindre l’AES…pour moi, ce n’est pas impossible…mais, c’est la décision du président du parlement, du président de la République… Je vais vous surprendre…demandez aux populations togolaises… Togolais Lambda, si vous leur demandez, vous verrez qu’ils veulent rentrer dans l’AES à plus de 70%… Au Togo, en Côte d’Ivoire, au Bénin, en Afrique du Sud… les peuples africains veulent être eux-mêmes». Dans toute cette logorrhée du ministre Dussey, ce qui a retenu l’attention et a été commenté, et même devenu viral sur la Toile, c’est bien la plausible adhésion du Togo à l’AES. Rien à dire la dessus, car cette confédération Mali-Burkina-Niger, qui fraie son chemin séduit et si un Etat souverain veut venir étoffer ses rangs, pour y trouver son compte, il est la bienvenue, pour peu qu’il daigne épouser, la dynamique qui y prévaut ! L’Afrique n’a plus besoin du reste des scories du néocolonialisme. Cependant, là où on reste circonspect, c’est que ces propos semblent être Intuitu personae, un avis du ministre Dussey.

Connaissant la délicatesse du sujet, le contexte géopolitique dans lequel l’AES va partir de la CEDEAO dans 9 jours, pourquoi c’est un ministre même des Affaires étrangères qui se lâche sur ce dossier ?

La tempérance, la prudence et la gouaille manœuvrière du président Faure Gnassingbé sont connues pour qu’il délègue une telle décision à Robert Dussey fut-ce-t-il son chef de la diplomatie. Le n°1 Togolais avait eu le nez creux dès le lendemain du coup d’Etat au Niger, le 26 juillet 2023, en se rendant discrètement à Niamey pour rencontrer le général Tiani, cela lui avait valu, la méfiance de ses pairs de la CEDEAO va-t-en-guerre à l’époque, mais la sympathie de ce pays, du Burkina et Mali.

C’est ce qui l’a d’ailleurs imposé à la CEDEAO comme un des médiateurs avec son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, pour tenter de ramener l’AES dans le bercail de l’organisation sous-régionale. Un ralliement du Togo à l’AES obéit à un impératif prosaïque pour ne pas dire «terre-à-terre» : l’intérêt supérieur du pays, dont sont les garants, les premiers responsables qui agissent au nom des populaltions, leurs mandants. Alors, beaucoup de questions se télescopent dans les esprits après la sortie de monsieur Dussey :

– A-t-on besoin d’un son de trompe, genre un aval référendaire, comme la phrase allusive du ministre Dussey le laisse croire en évoquant les «70% de Togolais» pour que le Togo dépose son ballot à l’AES ?

– A l’heure où le Togo joue à la médiation (avec le Sénégal) pour une mission impossible, vu que le divorce officiel sera prononcé ce 29 janvier 2025, et vu que la CEDEAO et l’AES se livrent toujours un duel à fleurets mouchetés, dans ce contexte, le Togo peut-il être mandaté par la CEDEAO, et rejoindre l’AES ? Surtout que la culture du bon voisinage a toujours été son dada ?

– Appartient-il à un ministre des Affaires étrangères d’un pays de juger du degré d’amour ou d’utilité d’un président d’un pays voisin comme, l’a fait Robert Dussey ?

A l’évidence, Sherpa officiel ou avis personnel, le chef de la diplomatie du Togo  a manqué de tact sur un sujet très sérieux et passionnant : le rapport AES-CEDEAO. Mais, au-delà, la parole présidentielle ayant une valeur tribunitienne, que dit Kodjo Adzezé qui pourrait être le président du Conseil des ministres (Le Togo parlementaire est au bord de la 5e République) ou Faure Gnassingbé qui demeure le chef de l’Etat dans cette histoire d’AES ? .

La rédaction

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