Alassane Ouattara à Yakro : «Je ne serai pas candidat» – Le bal mortel des prétendants peut commencer

Alassane Ouattara à Yakro : «Je ne serai pas candidat» – Le bal mortel des prétendants peut commencer

C’est fait, c’est dit. Alassane Dramane Ouattara ne sera pas candidat à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. Il l’a dit de vive voix devant les parlementaires ivoiriens. Là à Yakro, fief du père de la Nation ce 5 mars 2020, Ouattara a enfin dévoilé le fond de sa pensée, il s’est lâché non sans on devine un brin de calcul. Il n’est plus tenté par une 3e levée, et ouvre la voie aux jeunes pachydermes de la lagune Ebrié. Un acte solennel s’il n’en faut. Fini donc le suspense, les atermoiements, les phrases sibyllines qui disent tout mais qui ne disent rien, les cachotteries, les menaces et autres pirouettes qui faisaient les Ivoiriens retenir leur souffle.

Alassane Ouattara s’en va donc sur une phrase de militaire sur un champ de bataille : «ce fut un honneur d’avoir servi le pays». Il déclare qu’il veut tenir ses engagements. Un pied de nez s’il n’en faut à un certain Alpha Condé qui veut urbi et orbi s’agripper aux accoudoirs du fauteuil présidentiel.

Un acte qui pourrait être jugé comme de la traîtrise par certains Chefs d’Etat du sérail africain qui caresseraient également ou dorénavant l’idée de faire des caresses salaces à leur Loi fondamentale. L’acte de Alassane Ouattara devrait également faire réfléchir du côté du Sénégal où des velléités d’un troisième mandat sont attribuées au président Macky Sall, même si rien de concret et de sérieux n’a été déclaré sur ce chemin.

Pour revenir en Côte d’Ivoire, on peut tout de même s’interroger sur cette mise à mort tout de même quelque peu prématurée du suspense sur la candidature d’Alassane Dramane Ouattara. Est-ce lié aux bruits de coulisses de la Cour pénale internationale qui bruissent d’une éventuelle libération de Laurent Koudou Gbagbo des entraves des geôles de la haute juridiction logée à la Haye ? Les choses seraient plutôt en bonne voie pour le Woody de Mama et une brisure de l’épée de Damoclès serait dans les éventualités.

En effet, aujourd’hui 6 mars du côté de La Haye, le délibéré de l’appel de la tenace Fatou Bensouda pourrait enfin être vidé définitivement et ce pourrait être désormais «maïs» pour Gbagbo et Blé Goudé. C’est-à-dire liberté totale.

Alors a-t-il été mis au parfum de cette libération prochaine et décidé de savonner la planche sous Gbagbo et autre Bédié ? Même si l’on sait que pour le 1er une peine de 20 ans l’attend au bercail ?

Alors, on comprendrait peut-être pourquoi Alassane Ouattara s’est empressé de déclarer qu’il ne participera pas au scrutin et, précision superlativement très importante, il remettra le pouvoir à la jeune génération. Lu entre deux lignes, cela voudrait dire simplement que «ADO Solution» met au défi Laurent Gbagbo et Henry Konan Bédié de ne pas se diriger vers le fauteuil présidentiel. Du reste, il l’avait dit : il ne se présentera pas si «l’ancienne génération», donc la sienne, ne participe pas aux élections. Y aurait-il un pacte qui aurait été signé entre les dinosaures de la classe politique ivoirienne et qui a abouti à ce dénouement pour le moins bruyant ? Sans deviner avec exactitude quelle sera la posture du sphinx de Daoukro, du camp FPI suspendu au sort de Gbagbo, le retrait de Ouattara déride et  ouvre tout de même le bal des prétendants.

– Certes officiellement, c’est Amadou Gon Coulibaly qui semble tenir la corde. L’actuel premier ministre est un aparatchik , un homme des dossiers, qui plus est lié par Ouattara par un long compagnonnage. Problème : Jugé terne, il pourrait en pâtir de ce manque de charisme, même si ces derniers temps, il est déjà en précampagne.

– Amon Tanoh, a eu un aparté avec Ouattara, sur les intentions, il a promis de rester coi mais son cœur balance et il pourrait se dédire.

– Les Yacouba poussent, poussent Mabri Toikeuse à se jeter à l’eau, et l’homme bien que membre du RHDP hésite.

– Ahmed Bakayoko ? Il était dans les petits papiers de Ouattara, mais apparemment plus maintenant. Mais ça peut changer.

– On parle même du retour de Tidiane Thiam, défenestré de la banque suisse, qui pourrait s’essayer en politique.

– Et Soro dans tout ça ? Est-il possible qu’il redevienne le candidat de Ouattara, si in fine, le président sortant sait que le pouvoir pourrait lui échapper ? Car des sondages non rendus publics sont unanimes : quel que soit le scénario, l’enfant terrible de Ferké est au second tour, et même dans certains cas,  il passe un coup KO.

Ses déboires avec la Justice vont-ils prendre fin pour qu’il puisse revenir au bercail faire valoir ses droits d’appartenance à la «jeune génération» ? Quoi qu’il en soit, les prochains jours retentiront sans doute de cette explosion sur les bords de la lagune Ebrié. Mais, il faut saluer cette décision de Ouattara, quel que soit ce qui le motive réellement, car il sort par la grande porte, en ouvrant ce mode de dévolution du pouvoir.

Ahmed BAMBARA

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