Algérie : Les rats quittent le navire Boutef

Algérie : Les rats quittent le navire Boutef

Se faire craindre, promouvoir ou disgracier, envoyer souvent à la mort sans pitié, entretenir l’esprit de Cour, bref, faire peur aux ennemis ou adversaires réels ou fantasmés du pouvoir, le tout nimbé de «mythe et de secret», tel est le système qui gouverne l’Algérie et dont Bouteflika maîtrise totalement les codes.

Le couac, l’imprévisible, le hasard a été l’AVC de 2013 qui est venu bouleverser la marche de ce cartel politique, mais que l’entourage a pu rattraper, avec d’autant plus de maestria, que tous ceux qui gravitent autour du valétudinaire de la station balnéaire de Zeralda, appartiennent soit à la hiérarchie militaire, à la famille ou au clan de Tlemcen ou aux arcanes coraniques.

Hélas un second clash, inattendu et moins maîtrisable est venu encore en rajouter aux pathos politique de ce cercle crypté qui régente l’Algérie : le peuple algérien, débout comme un seul homme depuis plusieurs jours, un peuple qui ne veut plus du ‘’fardot présidentiel’’ qu’on trimballe, entre Zeralda et les hôpitaux occidentaux. L’Algérie refuse d’être gouvernée en apparence par un homme assis sur un fauteuil roulant, le regard perdu, ânonnant des bribes de phrases que même les micros amplificateurs accrochés au revers de sa veste ne rendent pas audibles. Il dit Basta à ce président qu’on exhibe une fois l’an recevant un visiteur de marque et après, c’est le black out.

Ayant échappé à la tornade printanière arabe de 2011 qui déracina Ben Ali de Tunisie et Moubarak d’Egypte, Boutef, ou plutôt les saprophytes pensaient pouvoir continuer ce mélodrame étatique. Las !

Et voilà que dans cette ambiance de fin de règne, le système bouteflekiste excipe une trouvaille : Va pour un 5e bail pour l’ex-fils putatif de Boumediene, qui l’écourtera pour organiser des élections anticipées auxquelles il ne prendra pas part, tout en modifiant la Constitution  à coups de conférence nationale et de référendum et bonjour la IIe République !

Des promesses qui sont des succédanés, sinon les mêmes que celles de 2014.

Un placebo, qui à l’évidence n’a pas calmé le mal des Algériens, qui brandissent désormais l’article 102 de la Constitution qui stipule que les conditions actuelles signifient que :

le pouvoir algérien est vacant, ce qui est en partie vrai, car le célèbre alité d’un hôpital suisse ne dirige plus rien.

Plus grave, les rats du rafiot battant pavillon Bouteflika et Cie, commencent à quitter le navire. Qu’on soit Surcouf ou Magellan, c’est un signe qui ne trompe pas. L’eau commence à monter à bâbord et tribord et si dans les rangs du FLN, du RCD et autres, des personnalités commencent à prendre leur distance, avec le pouvoir, tels Sid Ahmed Ferroukhi l’ex-ministre de l’agriculture et député du FLN ou le patron du FCE, l’association patronale Ali Hadad, proche de Saïd Bouteflika, le frère du président, c’est qu’on n’est pas loin du naufrage, du chant du cygne.

Le dégagisme est en marche en Algérie, car les populations exigent le changement, et partis politiques, sociétés civiles, hommes de culture, etc. penchent désormais pour la désobéissance civile, bourgeon de toute révolution qu’elle soit de velours, du printemps ou jasmin. Et la clameur estudiantine qui monte chaque jour est le signe avant coureur qu’il sera difficile à la galaxie bouteflika et aux étoiles qui gravitent autour de maintenir longtemps, ce «coup d’Etat médical» avec les mesurettes lues à la télé, le dimanche dernier, par Abdel Gani Zalaane, bombardé nouveau directeur de campagne. Rappelons-nous la déboulonnade de Ben Ali de Tunisie, lui aussi face, à la bourrasque causée par l’incendie, allumé de Sidi Bouzid issu de l’autodafé de Mohamed Bouazizi le vendeur de fruits, avait promis que ce sera son dernier mandat, puisqu’il l’écourterait. Rien n’y a fit ! Il est tombé comme un fruit mûr. Mais comme ceux qui ont régné longtemps désapprennent de l’histoire…

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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