Après l’affaire Sokhna, 11 bébés tués dans un incendie au Sénégal : De la nécessité de repenser le système sanitaire public

Après l’affaire Sokhna, 11 bébés tués dans un incendie au Sénégal : De la nécessité de repenser le système sanitaire public

La colère et l’indignation la disputent à la  désolation, la consternation et la révolte au Sénégal, après ce nouveau drame enregistré dans l’univers hospitalier. Le mercredi 25 mai dernier, onze bébés ont trouvé la mort dans l’incendie de l’hôpital de Tivouane ville, située à environ 90 kilomètres de Dakar.

 Selon la presse locale, l’incendie a été causé par un court-circuit avant de se propager à tout le bâtiment sous l’effet de l’oxygène qui a eu un effet amplificateur. L’action de sauvetage n’a donc pas permis de faire grand-chose face à la fulgurance des flammes  et voilà le Sénégal de nouveau consterné et en émoi. Dans la panique, l’éclairci est venu des infirmières du service néonatal qui ont réussi à sauver trois bébés des flammes dans leur fuite.

Après l’affaire Astou Sokhna, une femme enceinte morte après avoir attendu en vain une césarienne, ce drame remet en lumière les graves carences du système sanitaire public du pays. Cette fois, tout porte à croire que ce n’est pas la main des professionnels de santé qui en est la cause, mais un dysfonctionnement électrique qui serait à l’origine. Et pourtant, ce centre hospitalier théâtre de ce drame venait d’être inauguré récemment. Les réactions n’ont pas tardé. Si le président sénégalais, depuis l’Angola où il est en visite a exprimé «sa profonde compassion» aux mères des victimes, des voix s’élèvent déjà pour exiger des sanctions appropriées contre ceux qui par «négligence» auraient contribué à faire le lit de ce drame. Des politiques aux défenseurs des droits humains en passant par les leaders religieux et les citoyens, la «tragédie de Tivouane» tous sont unanimes que les responsabilités doivent être rapidement situées pour que ce genre de drame ne survienne plus. Et revoilà le fameux,  plus jamais ça !

Loin des «condamnations et messages de compassion», ce drame remet au goût du jour, la lancinante question de la qualité du système sanitaire au pays de la Téranga et par ricochet en Afrique où le service public est réduit à sa simple expression. Repaire de tous les maux de la société, (corruption rampante, gabegie, laxisme, clientélisme…), l’administration publique, jadis locomotive du développement s’est progressivement étiolée pour faire place à toutes sortes de vices. Et le secteur sanitaire, pilier social n’échappe pas à ces pratiques qui plombent les efforts  de développement.  Les drames ne préviennent pas, mais doivent faire l’objet d’une anticipation. En attendant les conclusions de l’enquête promise par Diouf Sarr, le ministre de la Santé contraint d’écourter son séjour suisse, on se demande comment un édifice, nouvellement réceptionné et inauguré en grande pompe et censé donner le sourire et raviver les espoirs s’est mué en mouroir ? Pour dire les choses trivialement, ce drame est symptomatique d’une société qui a mal à son service public mais surtout à son système sanitaire.

Davy Richard SEKONE

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