Arrestations, décès de journalistes et crise anglophone  au Cameroun : Après Mimi, Wazizi ?

Arrestations, décès de journalistes et crise anglophone au Cameroun : Après Mimi, Wazizi ?

Faut-il décidément que les autorités camerounaises mêlent les journalistes aux crises qui frappent le Cameroun. On se rappelle du journaliste camerounais Ahmed Abba qui a passé 29 mois en prison parce qu’il a été soupçonné, à tort, d’avoir «dîné» avec le diable Boko Haram pour on ne se sait quelles fins macabres sur le sol camerounais.

Malgré des preuves évidentes qui disculpaient le journaliste, la Justice camerounaise a tergiversé pendant longtemps, moulinant sur des arguments et des faits creux pour finalement aboutir à la libération du confrère.

Après cet épisode, voilà que la crise  anglophone éclate. Et là encore, les autorités ont réussi à alpaguer, deux ans plus tôt, Mimi Mefo, journaliste aussi, l’accusant d’avoir publié de fausses informations sur les affrontements entre l’armée et les milices. Il a fallu des boucliers en l’air pour qu’elle trouve le chemin de la liberté. En vie.

Malheureusement, le présentateur d‘émission en pidgin à la chaîne de télévision privée Chillen Media Television (CMTV)  Samuel Wazizi n’aura pas cette chance. A en croire plusieurs organisations de défense des droits des journalistes, le confrère est en effet mort en détention.

Causes du passage de vie à trépas ? Des tortures. Des sévices ? Et pour quelle raison ? Parce qu’il a tenu des propos critiques sur la gestion de la crise anglophone par les autorités camerounaises. Est-ce une raison suffisante pour conduire un journaliste aux portes de l’au-delà ? Si oui, autant dire et autant interdire l’exercice du journalisme au Cameroun. Car bien évidemment, le travail du journaliste consiste à porter la plume dans la plaie. Sans chercher à plaire ni à faire plaisir. A critiquer lorsqu’il le faut, et s’il faut redresser un tort, redresser la barre du navire pour le conduire sur le droit chemin.

Mais en plus d’exercer son travail, il faut croire que Samuel Wazizi a commis le péché d’être anglophone. Ce qui a sans doute constitué une circonstance atténuante conduisant malheureusement au sort qu’il a subi.

Si cette mort est avérée et si elle  a été consécutive à des maltraitances (c’est une circonstance aggravante, le simple fait d’être incarcéré étant déjà suffisamment grave), alors les autorités camerounaises, en voulant éteindre un feu, risquent d’avoir réussi à engendrer un incendie.

Ahmed BAMBARA

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