Il n’y a pas de Loi 1902 au Sénégal, mais c’est tout comme : l’Etat et les confessions religieuses sont distincts, et le Sénégal malgré une population majoritairement musulmane reste un pays laïc. Le temporel et l’intemporel sont séparés.
C’est le sens de l’arrêté pris par le gouvernement, pour affirmer que voile, croix, kéfia… sont autorisés dans tous les établissements laïcs ou religieux. Une officialisation d’un état de fait dans ce pays qui n’a jamais eu ce genre de problème, qui fait rage par exemple en France. Mais que le premier ministre Ousmane Sonko via le ministre de l’Education a tenu à réaffirmer par cette piqure de rappel qu’est l’arrêté gouvernemental qui intervient après un incident survenu dans un établissement catholique privé ce 8 octobre 2024 : un élève avec un voile y avait été interdit. Ce couac qui est rare, le dernier date de 2019, vient signifier qu’il peut y avoir des bisbilles religieuses à l’école d’où cet arrêté. Promis d’ailleurs par Ousmane Sonko, fin juillet lors d’une cérémonie de remise de certificats aux meilleurs élèves :
En réaffirmant la primauté de la laïcité surtout, donc de l’Etat, le gouvernement sénégalais a bien agi, même s’il est vrai que cet oukase n’a été précédé ni de consultations encore moins de consensus !
Mais si dans ce pays à «l’islam Noir» comme le livre éponyme de Tidiane Dioh, le père de l’indépendance et premier président fut un catholique : le poète Léopold Sédar Senghor !
Deux groupes islamiques se partagent le Sénégal : les Mourides et les Tidjanes. Mais tous deux se tolèrent, et les catholiques peuvent aussi aller en pèlerinage à Popenguine !
Dans l’imaginaire et dans la réalité, les disciples de Mohamed sont majoritaires (+94%) tandis que les chrétiens se retrouvent en portion congrue (-5%). Justement, dans un pays où jusqu’à une époque récente, le Ndjiguel (consigne) des confréries maraboutiques (Mouride et Tidjane) déterminaient les issues des élections, ce geste du pouvoir au Sénégal est méritoire et digne d’un Etat.
La laïcité, rien que la laïcité, et comme c’est connu, les conflits, et même les petits différends confessionnels sont dangereux et peuvent partir d’un effet papillon pour détonner !
Accepter l’altérité religieuse, se tolérer, vivre en harmonie en partageant sa spiritualité. Ce n’est pas moins que professe d’ailleurs le philosophe sénégalais Souleymane Bachir N’Diagne depuis les bords du Potomac jusqu’à Dakar !
La REDACTION


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