Il y a 8 ans une tornade tropicale débutée depuis quelques jours même si sa gestation date d’il y a quelques mois, cette tornade donc se mua en un ouragan sahélien le 31 octobre 2014 pour déboulonner le chef de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré qui régentait le pays depuis 27 années.
Aboutissement d’une conjonction de facteurs, l’insurrection burkinabè mettait fin à la volonté de Blaise de tripatouiller l’article 37 pour s’offrir un 3e mandat, et rester au pouvoir, après déjà presque 3 décennies de règne.
Les insurgés étaient notamment le peuple burkinabè dans sa diversité, mais avec des meneurs que furent les partis politiques, les Organisations de la société civile (OSC), les médias … Tous voulaient le changement et le Tout sauf Blaise (TSB) a fait mouche puisque si à l’époque, le maître du Burkina avait désigné un dauphin pour compétir au nom du CDP, son parti à l’élection présidentielle, le destin du Burkina aurait été autre.
2015, année de la Transition tractée par Michel Kafando et le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida. Concentrée de tous les espoirs et charriant aussi toutes les frustrations, la Transition version 2015 était adossée à une bonne charte, laquelle transition fut vite phagocytée par une société civile auxquelles sont venues s’ajouter les couacs au sommet, dus à un dévoiement imputable en partie à Zida.
N’eut été d’ailleurs la vaillance et l’esprit d’équité de «M’Ba Michel», cette Transition aurait même connue une fortune plus désastreuse. Son leitmotiv : «Plus rien ne sera comme avant», qui était une sorte de vendetta mêlée à la «décompaorisation» (tous ceux qui ont collaboré avec Blaise sentaient le souffre) ne pouvaient accoucher que de maigres résultats.
Les quelques idéaux qu’on a tenté d’implémenter n’ont pas tenu, car la Transition même a déçu. Si on y ajoute l’économie qui était au rouge, les Burkinabè tiraient la langue et rongeaient leurs freins, attendant le nouveau président élu, qui devrait du moins espérait-on sortir le pays de ce marasme à plusieurs dimensions. Voici venus les jours de Roch Kaboré, bien élu en 2015, et qui incarnait toutes les attentes pour quelques raisons liées à sa trajectoire politique (ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale …) et à son long compagnonnage avec Blaise. C’était pour beaucoup l’homme qu’il fallait surtout avec à ses côtés «le Machiavel du Yatenga» Salif Diallo, et le «Teng-biiga » (homme introduit) Simon Compaoré.
Hélas, Roch fut très vite pris en sandwich par des OSC, des « gens venus souvent de nulle part » comme le dirait quelqu’un lesquels parvinrent à se rapprocher du pouvoir, qu’ils ne quitteront qu’à sa chute.
Rétrospectivement, même si un président nomme qui il veut, les Burkinabè ne s’expliquent toujours pas la présence de certaines personnes dans son gouvernement et ce, pendant longtemps. Qu’ils aient beaucoup contribué à lui offrir Kosyam (palais présidentiel) c’est de bonne guerre de les récompenser, mais les laisser 5 ans et plus là, et surtout sans souvent le hola lorsque certains se donnaient des libertés, tout cela a achevé de convaincre, que le pouvoir de Roch était trop fragile.
Grèves en tiroirs, et terrorisme interminable avec près de 2 000 victimes en 6 ans, sans oublier ses adversaires qui contribuaient au pourrissement de la situation ont finalement sonné le glas de son régime le 24 janvier 2022. D’aucuns restent convaincus que Roch n’aurait pas dû solliciter un second mandat.
24 janvier 2022-30 septembre 2022 : tel fut aussi le règne météoritique du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Venu en sauveur du Burkina relativement au terrorisme, dont le régime de Roch en fut incapable, Damiba était peut-être animé de bonnes intentions, mais son tropisme pro-blaisiste, et surtout la non-amélioration de la situation sécuritaire, plus des nominations quasi-quotidiennes ont fini par l’emporter par une révolution de palais.
Que pourra faire le jeune capitaine Ibrahim Traoré (IB), co-putschiste du 24 janvier qui écarta Damiba le 30 septembre, 1er et 2 octobre ?
Chaussant les rangers de Sankara et en tandem avec un Premier ministre sankariste, Apollinaire Kyélem de Tambèla lui aussi, l’attelage compte sortir le Burkina de ces difficultés quasi-insolubles.
8 ans après l’insurrection, le Burkina Faso vit une situation pire d’avant 2014. Terrorisme, incivisme, boulimie du pouvoir, prédation des maigres ressources, velléités revanchardes, perception d’un affrontement feutré «insurgés» contre ancien ordre … Depuis 2014, le Burkina vit au rythme de vrai-faux et coups d’Etat ratés ou réussis. La jeunesse dépaysée et en l’absence d’homme d’Etat ou de leadership, est déboussolée et se tourne vers la rue. 8 ans après ce que le monde entier a qualifié de printemps sahélien, les Burkinabè se cherchent. Pauvreté, avenir qui s’éloigne souvent comme une ligne d’horizon, des politiciens qui ne pensent qu’aux élections, des OSC instrumentalisées qui dictent leurs lois y compris aux autorités, 8 ans après le Burkina est «tombé » pour emprunter le vocable de Monsieur-de-la-rue. IB pourra-t-il relever le défi ? Les Burkinabè sont dans l’expectative !
La REDACTION


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