Le standing de la villa cossue qu’il avait érigée à Manga, sa ville natale avait fait jaser et nourrit la polémique lors de la commémoration des festivités du 11-Décembre 2018, dont la province du Zoundwéogo avait été le théâtre. Si une partie de l’opinion avait salué l’initiative de l’investissement dans sa province d’origine, l’autre avait vite dénoncé un «enrichissement illicite» de la part de celui qui fut tour à tour ministre de la Jeunesse et de la formation professionnelle, et ministre de la Défense.
L’affaire était restée au stade de commérage, jusqu’à ce qu’une plainte soit formulée et déposée contre lui en juin 2019. Plus d’une année après, cette plainte déposée par le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) produit ses effets au niveau de la justice et les choses semblent avoir rattrapé l’ex-ministre. Hier mardi 26 mai 2020, Jean-Claude Bouda, avant-dernier ministre de la Défense et des Anciens combattants, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été interpellé et déposé à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).
L’information avait dans un premier temps fuité sous forme de rumeur avant d’être confirmée par une source judiciaire en milieu de journée et l’intéressé himself qui a tout de même eu le temps de faire un post via sa page Facebook.
«Je tiens à informer l’opinion publique que suite à une plainte du RENLAC, je me suis mis à la disposition de la justice afin que la vérité soit manifestée dans les affaires me concernant. L’Etat de droit a toujours été pour moi une valeur fondamentale dans une démocratie», avait-il glissé hier matin, avant sa convocation par le juge en charge de l’affaire, pour son audition. Ce poste sera son dernier, puisque le juge d’instruction lui décernera un mandat de dépôt et le fera déposer à la MACO.
Selon plusieurs sources proches du dossier, plusieurs chefs d’inculpation ont été retenus contre l’ancien ministre de la Défense.
Il s’agit entre autres de : «Enrichissement illicite, délit d’apparence, fausse déclaration d’intérêt et de patrimoine, acceptation de cadeaux indus». Les mêmes sources indiquent que l’affaire tourne autour de la villa qu’il s’est construire à Manga et dont les images avaient suscité l’émoi chez bon nombre de Burkinabè. Cette arrestation de l’ex-ministre Jean-Claude Bouda, connu pour sa proximité avec le président du Faso donne un relief particulier à cette affaire.
En attendant la suite de la procédure, les supputations vont bon train et ils sont nombreux à observer une grande prudence quant à la suite qui pourrait être donnée à ce dossier. L’instruction de ce dossier signifie-t-elle un début de nettoyage des écuries du pouvoir ? En effet, des «grosses légumes» parvenues à un certain niveau du pouvoir manifestent morgue et goupillent des affaires qui jurent avec les procédures.Si c’est le cas, il n’est pas exclu que d’autres «bonzes politiques», dont les noms sont cités dans des sombres affaires, et dont les dossiers sont longtemps restés dans les tiroirs soient soumis à l’implacable verdict du glaive judiciaire. L’avenir nous édifiera davantage.


COMMENTAIRES