Cancer du col de l’utérus au Burkina : Ce mal qui décime l’autre moitié du ciel

Cancer du col de l’utérus au Burkina : Ce mal qui décime l’autre moitié du ciel

En plus de causer des dommages collatéraux à la famille et à la communauté de la femme atteinte, le cancer du col de l’utérus contribue de façon importante à la mortalité féminine au Burkina Faso. Selon Dr Aïda Justine Bakyono, gynécologue-obstétricienne en poste à la clinique Frany, c’est le cancer le plus fréquent (31,7%) chez la femme. Il constitue également la première cause de mortalité par cancer chez la femme (22,2% selon le rapport de l’OMS- Profil des pays 2014).

 

L’utérus est l’organe de la femme qui porte la grossesse. Il comporte trois parties : le corps, l’isthme et le col. Le col est la partie que l’on peut visualiser et toucher à travers le vagin. Le cancer du col est une tumeur maligne qui se développe au niveau du col de l’utérus. Il peut être suspecté devant les signes suivants : un saignement vaginal qui survient en dehors des règles, un saignement vaginal lors des rapports sexuels, un écoulement vaginal de pus mélangé à du sang, un écoulement vaginal de liquide nauséabond, la découverte de lésions lors du dépistage systématique fait par les agents de santé. Cependant, c’est la biopsie avec examen anatomo-pathologique  qui confirmera effectivement sa présence. Mais quelle est la cause cette maladie qui contribue de façon importante à la mortalité féminine au Burkina Faso ?

«Le cancer du col de l’utérus est dû à un virus appelé le Papiloma virus humain (HPV) que l’on contracte essentiellement par les rapports sexuels. Le HPV va se fixer sur le col de l’utérus et entrainer une infection. Lorsque cette infection persiste, elle va évoluer vers les lésions précancéreuses puis vers le cancer au bout de 10 à 15 ans», confie Dr Aïda Justine Bakyono, gynécologue-obstétricienne.

Aujourd’hui, le cancer du col de l’utérus est considéré comme une Infection sexuellement transmissible (IST). Par conséquent, multiplier les partenaires sexuels augmentera le risque de contracter l’infection à HPV donc de développer le cancer du col de l’utérus.

Aussi, d’autres éléments peuvent accroître  le risque de contracter cette maladie. Il s’agit  selon Dr Bakyono des rapports sexuels précoces (avant l’âge de 17 ans), la consommation du tabac, les grossesses précoces, les accouchements fréquents, la baisse de l’immunité, le bas niveau socioéconomique, l’infection à VIH, les IST non traitées.

En effet, les Infections sexuellement transmissibles (IST) vont  fragiliser le col de l’utérus et rendre la muqueuse moins résistante. Quand il s’agit d’une infection à HPV, le risque est encore plus élevé parce que la persistance de cette infection pourrait entrainer des lésions précancéreuses, qui peuvent évoluer vers le cancer du col de l’utérus.

                    

Une urgence de santé publique au Burkina

Les complications du cancer du col de l’utérus sont multiples. Des dires de la gynécologie obstétricienne, si elle n’est pas traitée, la maladie peut s’étendre aux autres organes comme la vessie, le rectum et également à l’appareil digestif. Cela va se traduire par des douleurs pelviennes, des saignements graves, un amaigrissement important, une dépression voire la mort. Au Burkina Faso, le cancer du col de l’utérus est le cancer le plus fréquent (31,7%) chez la femme. Il constitue  la première cause de mortalité par cancer chez la femme dans notre pays  (22,2% selon le rapport de l’OMS- Profil des pays 2014).

Le dépistage des lésions précancéreuses, le diagnostic et la prise en charge du cancer du col de l’utérus constituent une priorité en santé publique au Burkina. De nombreuses actions le démontrent. Parmi ces dernières, nous avons les nombreuses campagnes de sensibilisation initiées par le ministère de la Santé et les associations, la gratuité du dépistage des lésions précancéreuses du col ainsi que la gratuité de leur prise en charge, l’amélioration du plateau technique pour la prise en charge des malades à travers les centres de radiothérapie.

Etre atteinte du cancer du col de l’utérus n’est pas une fatalité en soi. «Le traitement du cancer du col de l’utérus est possible au Burkina Faso. Il existe plusieurs traitements selon le stade auquel la maladie est diagnostiquée. Il s’agit de la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie», fait savoir la spécialiste. Cependant, précise- t-elle, «ces traitements coûtent extrêmement cher». A ce jour, le pays des hommes intègres s’est doté d’un centre de radiothérapie au niveau du Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHUB). Les activités de ce centre n’ont pas encore commencé.  Un autre centre est en cours de construction sur le site du Centre hospitalier universitaire de Tengandogo (CHUT). En attendant que ces centres soient fonctionnels, les patientes sont orientées vers les pays voisins comme le Mali et le Ghana.

Mais qu’à cela ne tienne, le stade de cancer peut être évité si on s’y prend tôt. Pour prévenir le cancer du col de l’utérus Dr Aïda Bakyono encourage les femmes à venir dans les centres de santé pour se faire dépister. Le dépistage des lésions pré cancéreuses est entièrement gratuit au Burkina Faso dans les centres de santé publique. En plus de cela, les lésions sont faciles à traiter et la guérison est assurée dans 100% des cas». C’est ainsi, assure-elle, que nous arriverons à lutter contre cette maladie grave et redoutable .

Boureima SAWADOGO

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