Dans le brouhaha des manifestations post-électorales, des journées « villes-mortes » et d’un Cameroun « crisé », Paul Biya crédité vainqueur du scrutin du 12 octobre prête serment aujourd’hui même 6 novembre 2025. Et c’est parti pour un septennat de biyaisme, cette gouvernance à distance, décentralisée, mais oh combien très surveillée, par celui qui a fait du secret, un mode de dirigisme qui marche. Qu’on dise que ce n’est plus lui qui est aux commandes du pays, mais que depuis 2019, il y a une délégation de signature, au profit du SG de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, et qu’il y a un petit cercle autour de la première Dame Chantal qui tient la réalité du pouvoir, le nonagénaire est et demeure officiellement le président du Cameroun, et entamera son 8e mandat au palais d’Etoudi. Et une fois oint par les grands juges, il usera de ses prérogatives pour mâter tous ceux qui contestent le résultat des urnes à commencer par Issa Bakary Tchiroma. Que fera d’ailleurs ce dernier, qui a fait de la contestation alternée avec les tentatives de paralysie du Cameroun, sa façon de résister ? Certes, il a une partie du pays avec lui, le Nord, l’extrême Nord, le Nord-Ouest, et même des régions du Sud acquis à Biya, mais dans toute lutte, il faut évoluer crescendo, sinon le temps vous fera du surplace, sinon un recul. En l’espèce, le système Biyaisme ne dort pas, dos au mur, il sait qu’il joue sa survie, et ce n’est plus une question de Paul Biya, mais de repli grégaire, après des décennies de pouvoir. Après cette prestation de serment, Biya rempile pour 7 ans et au terme de celui-ci, il aura 50 ans de pouvoir, un règne qui sera équivalent à son âge biologique quand il accédait à la tête du pays. Que sera le Cameroun sous ce 8e bail qui sera tout sauf un fleuve tranquille ? Faut-il craindre des affrontements inter-ethniques ? Quelle sera la position des armées ? C’est assurément un mandat nimbé de gros nuages que Biya devra dissiper rapidement ou les subir.


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