«RIP, justice de mon pays ! Honte à vous ! Honte à la justice de téléphone» ! «J’aurais souhaité te savoir morte que de te voir aussi veule, lâche, indigne. Ce 10 août 2020, la justice algérienne a perdu tout honneur. Ce 10 août 2020, un terrible séisme d’immoralité a soufflé le tribunal de Sidi M’hamed», écrit le journaliste et auteur Mustapha Benfodil. Ce sont là le florilège de réactions après la condamnation à trois ans de prison ferme du journaliste Khaled Drareni après plusieurs semaines de détention et au paiement d’une amende de 5 000 Dinars.
Le journaliste comparaissait aux côtés de deux activistes, pour des faits «d’incitation à un attroupement non armé et d’atteinte à l’intégrité du territoire national».
Pour leur part, ses codétenus s’en tirent à bon compte avec une condamnation de deux ans dont quatre mois ferme. Au-delà de l’indignation et de la colère que pourrait créer ce procès de la «honte», il convient de dire que le verdict prononcé hier lundi 10 août 2020, sonne comme le requiem de la liberté d’expression.
La condamnation de celui qui porte désormais le visage d’une presse embastillée et muselée en Algérie constitue sans doute un choc et un coup dur par le mouvement de la contestation Hirak, né il y a un an et demi et qui avait entraîné la chute d’une dynastie au pouvoir depuis des décennies. Ce verdict signale du même coup, le retour des vieux démons de l’ère Bouteflika dont la chute en avril 2019 et l’élection en décembre 2019 du président Tebboune avaient suscité beaucoup d’espoirs.
Nul besoin de rappeler le degré d’amertume et de rancœur qui animait les ex-dignitaires et les faucons du régime déchu qui rongeaient leurs freins en attendant l’occasion rêvée d’en découdre avec les figures de la contestation. A travers le journaliste Khaled Drareni, c’est un coup de semonce qui est envoyé à tous ceux qui seront tentés de faire du combat pour la liberté leur cheval de bataille.
C’est donc une sorte de réponse de la bergère au berger et ce face-à-face promet d’être tendu quand on sait que les responsables du Mouvement Hirak savent pertinemment que leur sort reste lié au déboulonnement des reliques de cette dynastie qui ne veut rien lâcher. Un bâillon sur la bouche de Hirak, qui après la trève de la Covid-19 entend renouer avec son habitude: agir pour en finir avec les miasmes de l’ère Boutef et Cie.
La Rédaction


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