Confinement des cités universitaires à Ouaga : Mesure respectée à Patte d’Oie, échauffourées à Kossodo

Confinement des cités universitaires à Ouaga : Mesure respectée à Patte d’Oie, échauffourées à Kossodo

Dans un communiqué en date du 30 mars 2020, le directeur du Centre régional des œuvres universitaires de Ouagadougou, Issa Ouédraogo a informé l’ensemble des usagers que les cités et résidences universitaires «resteront en confinement à partir d’hier 1er avril 2020 et ce, jusqu’à nouvel ordre». Il prévient dans le même  communiqué que les repas resteront disponibles au profit des résidents uniquement et tout contrevenant s’expose à des sanctions disciplinaires». Nous nous sommes rendus hier mercredi 1er avril 2020 pour un constat dans quelques cités universitaires. Si à la cité de Patte d’Oie la mesure est respectée à la lettre, ce n’est pas le cas à Kossodo où les étudiants qui réclamaient des mesures d’accompagnement étaient à couteau tiré avec les FDS dans la nuit du  31 mars, où on a assisté à des courses-poursuites. Pour ces étudiants sans soutiens de l’Etat, ils ne peuvent pas respecter le confinement sous peine de crever de faim.

 

«A partir du lundi 30 mars 2020 jusqu’à nouvel ordre, la cité universitaire de Patte d’Oie entre directement en confinement. De ce fait, les étudiants qui viennent de l’extérieur n’auront plus accès au restaurant universitaire», lit-on sur le tableau d’affichage posé juste devant l’entrée principale de la cité. Quelques étudiants qui jouaient au flic  en faction nous ont refusé l’accès sous prétexte qu’ils ont reçu des ordres. «Nous avons reçu des consignes stricts on ne laisse personne sortir, ni entrer et on ne parle à personne même pas à la presse», laisse entendre l’un d’eux. A travers la grille de la  porte, on pouvait voir des étudiants par groupe de 4 et 5 assis, discutant sans modération. Au même moment, d’autres sont attroupés devant la porte avec pour seule ambition d’être  à l’intérieur. «Les ordres sont les ordres, personne ne rentre personne ne sort», a ajouté un deuxième étudiant qui refuse catégoriquement de se prêter à nos questions. Joint au téléphone, le délégué général de ladite cité nous a fait comprendre qu’il n’est pas habilité à se prononcer sur la situation qui prévaut actuellement à la cité universitaire de Patte d’Oie au premier jour du confinement. Alors,  nous mettons le cap sur la cité universitaire de Kossodo.

Des mesures d’accompagnement, une condition sine qua non à Kossodo

A la cité universitaire de Kossodo, la porte principale est grandement ouverte. Des va-et-vient s’enchainent et les attroupements poussent d’un peu partout. Il n’est donc pas question de parler de confinement. «On avait dit et répété avant la prise de cette mesure que s’il n’y a pas d’accompagnement on ne pourra pas respecter le confinement», indique Abdoulaye Diao, délégué général de la cité universitaire de Kossodo. Pour lui, les mesures d’accompagnement sont la condition sine qua non pour retenir les étudiants dans la cité. «Certains étudiants doivent  faire quelques petits boulots pour se nourrir, d’autres doivent payer leur loyer», explique-t-il. Bref, la liste est longue et les attentes vis-à-vis du gouvernement sont nombreuses, dit-il. A l’en croire, s’il y a des gens qui ont compris la nécessité du confinement dans  la lutte contre la propagation de la maladie à coronavirus c’est bien les étudiants. Mais le hic, c’est le fait qu’il n’y a pas de mesures d’accompagnement. À la veille de l’entrée en vigueur de la mesure de confinement, les Forces de défense et sécurité (FDS) ont fait une descente sur les lieux à l’heure du couvre-feu. Joint au téléphone, le délégué général de la cité nous raconte ce qui s’est passé dans la nuit du 31 mars.

Nuit chaude entre FDS et étudiants

Depuis l’apparition de la pandémie au Burkina Faso, le gouvernement a édicté un certain  nombre de mesures d’hygiène pour lutter contre cette pandémie. La cité de Kossodo n’est pas en marge de cette mesure. C’est pourquoi, à l’entrée de la cité,  les étudiants ont installé des lave-mains pour permettre à tous ceux  qui devront y accéder de se désinfecter les mains. Un groupe de jeunes étudiants étaient chargés de jouer aux veilleurs de nuit pour surveiller les engins de leurs camarades compte tenu du couvre-feu. Chose que les gendarmes ont apprécié et félicité lorsqu’ils sont passés le mardi dans la journée, veille de la mise en application de la mesure de confinement des cités universitaires, selon Abdoulaye Diao, délégué général des étudiants. Le soir, à leur grand étonnement, explique-t-il un autre groupe de gendarmes certainement a fait irruption dans la cour et ordonné aux étudiants de se mettre ventre plat au sol, chose exécutée par ces derniers. «Dans cette cacophonie certains étudiants sous le coup de la cordelette se sont révoltés et ont fait appel aux autres qui étaient au sein du bâtiment», a indiqué Abdoulaye Diao. Dans son récit, vu le nombre d’étudiants, les gendarmes ont décidé de faire  un repli tactique. «Quelques minutes plus tard, nous avons alerté le Directeur régional (DR) qui arriva dans le campus dans le but de savoir ce qui s’est  réellement passé.

Pendant que ce dernier était en train de prendre les témoignages des uns  et des autres, poursuit-il,  la gendarmerie fait une nouvelle  irruption au sein de la cité. Mais après avoir constaté la mobilisation des étudiants, ils ont décidé une seconde fois de faire un repli tactique mais cette fois-ci, ils seront suivis par le DR qui a décidé d’aller s’imprégner de la situation», raconte Abdoulaye Diao. De ses dires, pendant que les uns et les autres s’interrogeaient sur ce qui se passe, les FDS font leur 3e entrée et cette fois accompagnée de leurs frères d’armes qui étaient busqués à motos et qui seraient passés par les buissons vu que la cité n’est pas clôturée. «C’est en ce moment que les choses ont commencé  à se dégrader, gaz lacrymogènes, cordelette et s’en suit la débandade», a-t-il conclu.

Omar SALIA

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