On sentait la pondérée nonagénaire, Henriette Diabaté aux anges, heureuse que le document consacrant l’unification du conglomérat RHDP ait été adopté par acclamation. En présence du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro et du ministre de la défense, Hamed Bakayoko.
De même que le président Alassane Ouattara en personne, qui a tenu des propos rassérénants : «le choix (du candidat) sera démocratique, tout le monde sera candidat». Mieux toutes les formations politiques qui ont signé ce texte rassembleur aura droit de s’approcher davantage de la mangeoire via un nouveau gouvernement.
Les apparences sont sauves, les drafts fondateurs du parti unifié houphouëtiste, né du mariage de raison entre RDR-PDCI et d’autres partis, pour chasser Laurent Gbagbo et son FPI sont adoptés de façon massive. Mais tous ces documents ne valent rien sans la résolution de la lancinante problématique qui dirime chaque jour ces épousailles : le choix du candidat pour la présidentielle de 2020. Qui du RDR ou du PDCI aura l’imprimatur pour cette échéance de tous les dangers ? Si côté RDR, le président Ouattara clame que les jeux sont ouverts et ce sera au prochain congrès du RHDP de désigner, l’impétrant, au PDCI la question n’a même pas sa raison d’être, car déjà mâchée lors des fiançailles. Ce devrait être selon Henri Konan Bédié, un homme du sérail pdciste, car un pacte tacite d’avec le RDR le stipule.
Le problème de «l’alternance et du renvoi de l’ascenseur» constitue une angoisse existentielle pour la coterie du PDCI, surtout pour sa frange jeune, laquelle crainte se décuple avec l’idée des primaires brandie par le RDR. Une jeunesse du PDCI qui croit dur comme fer au retour du parti au pouvoir, et même au destin présidentiel de Bédié. La lune de miel qui a prévalu en 2010 et 2015, se serait-elle muée en fiel ? Toujours est-il que sur le sujet, le mutique sphinx de Daoukro, sort régulièrement de son silence pour dénoncer à mots à peine couverts ce manquement à la parole donnée, une sorte de «trahison» que ne tolérera pas le PDCI, comprenez, la parti aura son candidat, si jamais, le RHDP n’investit pas un des siens. Le congrès de ce week-end n’a pas vidé le semblant de contentieux pendant, et le nœud gordien reste entier.
A la vérité, RDR et PDCI savent l’optique 2020 cruciale, et se jaugent, se toisent, tout en évitant le clash du divorce. Sur quel nom s’accorder : Gon Coulibaly, «le Lion» RDR pur sang ? Ham’bak, le fils spirituel de Ouattara ? Ou Patrick Achi du PDCI ? Il faudra dissiper le nuage et faire cesser ce poker menteur, car une séparation sera la voie royale pour qu’un 3e larron se mette sur orbite, on pense à Soro qui reste en embuscade. Les politiques désapprenant toujours de l’histoire, en 2010, les chicaneries RDR-PDCI, avaient permis à un certain Laurent Gbagbo de se pencher pour ramasser le pouvoir même si c’était par une «présidentielle calamiteuse» .
Sam Chris


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