Alpha Condé a beau avancer à pas de sioux depuis des mois, il a beau garder un silence bruyant, qu’il rompt quelques fois via les interviews, dans lesquelles un bout de phrase dit tout haut ce qu’il pense «pourquoi dans d’autres pays les présidents peuvent modifier leur constitution et se présenter, et pas la Guinée ?», il a beau faire tout ça, on le voit venir.
Bref, le président Alpha Condé a toujours essayé d’être maître du temps, en avançant ses cartes, posture qui ne trompe guerre l’opposition, regroupée au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Constitution retoquée avec aval référendaire le 22 mars, promulguée le 6 avril 2020, loi fondamentale du reste contestée par l’opposition qui la juge tronquée et illégale, pour faux et écriture en faux.
Marches, manifestations, violences et victimes ont rythmé cette cadence au forceps vers ce 3è bail voulu par celui qui pourtant, il y a quelques années, alors qu’il était dans l’opposition, proposait qu’on absous (amnistie) les présidents qui veulent s’accrocher au pouvoir afin qu’ils soient rassurés pour quitter tranquillement le pouvoir. Qui pouvait subodorer que le même Alpha Condé, parvenu au pouvoir, avec 2 mandats au compteur, voudrait rester président à vie ?
La dangereuse et risquée 3e tentation de Sékoutoureya (palais présidentiel) se précise donc car même à des élections normales, la Guinée les conjugue toujours avec violences et victimes, à fortiori une présidentielle polémiquée !
Cette convention de 48 heures (5 et 6 août 2020) du RPG, le parti présidentiel au palais des congrès de Conakry, n’est qu’une formalité pour adouber Alpha Condé. Déjà un parti croupion, membre de la coalition arc-en-ciel, la CODEC a choisi, le président sortant comme son champion pour la compétition du 18 octobre prochain.
Et puis seul à postuler pour être le cornac du RPG, qui veut-on que les militants donnent leur onction ?
Que le président sortant, mais qui ne veut pas sortir, dise oui, aujourd’hui jeudi 6 août, à ses ouailles ou qu’il veuille prolonger cette ontologie du faux suspense, en se donnant quelques jours pour répondre, nul ne peut être habité par un doute quant à la réponse attendue. Et qu’il le dise maintenant ou renvoie à plus tard, Alpha Condé est entrain petitement mais inexorablement de conduire son pays vers des lendemains très incertains. La trêve scolaire observée par le FNDC ne durera que le temps des examens, et seul un rétropédalage de Condé pourra conjurer ce que tout le monde redoute : Des violences très graves en Guinée.
L’opposition agglomérée autour des leaders, tels que Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, lesquels opposants le connaissent bien et ne laisseront pas passer cette couleuvre difficile à avaler sont aux aguets. Condé les accuse d’avoir des visées putschistes, mais lui-même, en s’engonçant dans cette perspective de pouvoir ad vitam aeternam, ouvre la porte à tous les démons assoupis dans le Golf de Guinée. Le pouvoir est vraiment une drogue dure. La preuve par Condé ! .
Pélagie OUEDRAOGO


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