«La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes». On aurait dit une phrase prononcée par un représentant de cette race de présidents africains qui ont le pouvoir dans le sang, et tel des dépendants à une drogue fortement addictive, n’imaginent pas un seul instant l’abandonner. Et de ce fait, use de subterfuges plus moins ou moins grossiers pour ne pas quitter le fauteuil présidentiel.
Mais ces mots ont été prononcés par un Alassane Dramane Ouattara, qui s’était présenté comme un homme politique accroché à la démocratie et qui semblait se battre pour en respecter et faire respecter les règles. Ces phrases sont aussi étonnantes puisque l’homme avait déclaré à qui voulait l’entendre qu’il ne fera que deux mandats et qu’il était exclu de le voir briguer un troisième mandat, d’autant plus que la Loi fondamentale ne semblait pas autoriser cette éventualité.
Et voilà qu’au détour d’une interview dans Jeune Afrique, il fait sauter le bonnet de ses alliés de surprise. Car, c’est bien eux qui ont actuellement des points d’interrogation qui dansent devant leurs yeux comme de virevoltants exécuteurs de pas de coupé-décalé. Parmi eux, un certain Henri Konan Bédié, allié de premier plan de Alassane Ouattara et qui voyait 2020 comme «l’année de son année», ou du moins, l’année de son parti politique. Il y a aussi un certain Guillaume Soro, le bras armé qui a été pour beaucoup dans l’accession de Ouattara au pouvoir. Dans les dédales des conventions et autres pactes politiques, il apparaissait que ADO devrait s’éclipser en 2020 et laisser ceux qui l’ont soutenu hier de pouvoir bronzer sur la plage de la lagune Ebrié. En déclarant qu’il ne prendra sa décision qu’en 2020, ces derniers doivent froncer des sourcils.
Mais il n’est pas exclu que ce ne soit qu’une tentative de calmer les ardeurs de ses potentiels successeurs. Ces derniers avaient en effet commencé à fourbir leurs armes et à bousculer les barrières des enclos avant 2020. Sera-t-elle seulement efficace ? Puisque, dans tous les cas, Alassane Ouattara reste un candidat potentiel et pourrait être traité désormais comme tel .
Ahmed BAMBARA


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