L’impossible adieu au pouvoir kaki s’est encore avéré ce 26 novembre 2025 en Guinée Bissau, même si ce coup d’Etat s’apparente à un arrangement derrière caserne, tant son déroulé tranche avec les coups habituels.
Après la proclamation faite par le Brigadier-général Denis N’Canha, exit ce dernier, place au Général Horta N’Tam investi par les tombeurs d’Embalo, lesquels ont levé le couvre-feu mais interdit toute manifestation. Aux dernières nouvelles, un jet privé appartenant au groupe Dassault s’est posé hier vers 19 h 20 GMT à Bissau pour exfiltrer Embalo vers la capitale sénégalaise, d’où avait décolé l’avion. Bassirou Diomaye Faye, le chef de l’Etat sénégalais aurait donné son accord pour ce exil dakarois.
Habitués aux pronunciamientos, on en compte 4 aboutis et plus d’une dizaine qui ont fini en eau de boudin, nageant dont perpétuellement dans les pouvoirs de la soldatesque, les Bissau Guinéens semblent n’être guère étonnés, passée la frayeur due aux soudaines rafales du jour passée, ils se comportent en conséquence. Même s’il est vrai qu’ils ont la gueule de bois, comme au lendemain d’une bonne cuite, après avoir trop levé le coude ! Sauf qu’ici, il ne s’agit point d’alcool, mais d’une gueule de bois post-électorale. Les électeurs, 966 mille et les Bissau-Guinéens en général attendaient non sans un brin de joie et de pincement au cœur, la proclamation des résultats de la présidentielle du 23 novembre dernier, qui devait se faire hier 27 novembre 2025 par la Commission électorale. Une administration électorale qui a été manu- militari fermée ce 26 novembre 2025, la veille donc par les militaires du Général Horta N’Tam, désormais homme fort du pays, devenu calife à la place du calife par la force des baïonnettes.
L’euphorie a donc fait place l’hébétude, à une forme d’angoisse pour des lendemains dont les meilleurs sont toujours poussés aux calendes bissau-guinéennes !
En effet, que ce soit un vrai-faux coup d’Etat, disons une révolution de casernement militaire, c’est l’autorité de la chute d’Embalo consommée, voici venus les jours du Général N’Tam. De toute façon, l’histoire enseigne qu’on ne prend jamais le pouvoir pour le remettre à un autre, que ce soit par les urnes ou par les armes.
Cependant, s’emparer de l’impérium est une chose, gérer le pouvoir, dans la durée et pour le bonheur des Bissau-Guinéens, en est une autre. L’euphorie dissipée, il va falloir s’atteler à résoudre les problèmes quotidiens des populations et ceux politiques. Le Général Horta N’Tam et le Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre (HCMRO) ont suspendu le processus électoral, mais aussi les opposants dont Fernando Dias, lequel reclus depuis dans une cachette, réclame sa victoire et indexe Embalo d’avoir fomenté ce coup d’Etat pour ne pas avoir à le lui remettre. Et revoilà donc la Guinée Bissau dans une sorte d’impasse politique. Un éternel recommencement, car les militaires devront remettre tout à plat, et réorganiser de nouvelles élections. Quand ? Puisque ce timing d’une année, durée de la Transition que le Général Horta N’Tam s’est donné pour retourner dans les casernes, ou ôter le béret vert pour se présenter, cet agenda n’est marbré ni dans la charte ni dans la constitution.
D’inextricables équations politiques à résoudre attendent donc le HCMRO. Ensuite, la lutte contre le narcotrafic, la question du chômage des jeunes (40%), celles liées à la santé, à l’éducation, bref mettre sur pied une Guinée Bissau sur répondeur, du fait de l’instabilité politique chronique, laquelle on le savait allait être le casse-tête d’Embalo, pour son 2e quinquennat. Les 7 travaux d’Hercule attendent donc ces militaires, avec des lendemains d’incertitudes pour les populations qui commencent à se lasser de cet éternel retour.
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA


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