Le parquet général a requis, mercredi, la condamnation d’Airbus et d’Air France dans le cadre du procès en appel du crash Rio-Paris de 2009, prenant le contrepied des réquisitions de première instance.
Relaxés le 17 avril 2023, le constructeur aéronautique européen et la compagnie nationale française comparaissaient à nouveau pour homicides involontaires, seize ans après la catastrophe. À l’époque, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu des « imprudences » et des « négligences » mais estimé qu’aucun lien de causalité certain ne pouvait être établi avec l’accident.
Les deux avocats généraux ont qualifié cette ligne de défense d’« indécente » dans leur réquisitoire. « Nous demandons l’infirmation du jugement qui a relaxé les prévenus et vous invitons, Madame la Présidente, à entrer en voie de condamnation pour homicide involontaire », ont-ils déclaré.
Le 1ᵉʳ juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’est écrasé en pleine nuit dans l’Atlantique, quelques heures après son départ, causant la mort des 216 passagers et des 12 membres d’équipage. À bord de l’A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des voyageurs de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. La justice reproche à Airbus d’avoir sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques, dont le givrage en altitude constitue le point de départ de l’accident, et de ne pas avoir alerté en urgence les compagnies aériennes concernées. Air France est, elle, accusée de ne pas avoir dispensé une formation adaptée aux pilotes pour faire face au givrage des sondes Pitot et de ne pas avoir suffisamment informé ses équipages.
Dans ce procès lié à la plus grave catastrophe de l’histoire d’Air France, les deux sociétés risquent jusqu’à 225 000 euros d’amende. Les familles des victimes, quant à elles, espèrent enfin voir les responsabilités clairement établies, une perspective porteuse d’un possible soulagement.


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