Crépuscule sur Mekele : Et pourtant, rien n’est réglé entre Oromos et Tigréens en Ethiopie

Crépuscule sur Mekele : Et pourtant, rien n’est réglé entre Oromos et Tigréens en Ethiopie

Le jury du Nobel suédois a dû se demander ces 3 dernières semaines, s’il avait fait un choix judicieux en ornant la tête d’Abiy Ahmed de la couronne de paix, tant la décision du premier ministre éthiopien, décision non-négociable d’en finir avec le Tigré sécessionniste colle mal avec l’homme qui aura réussi à se faire élire le 2 avril 2018 premier ministre, en Ethiopie, de façon consensuelle.

Et pourtant, après 72 heures d’ultimatum qui a expiré le 22 novembre, et après avoir fait sauter des verrous majeurs menant vers Mekele-la-rebelle comme Alamata ou Mehoni au Sud, les troupes fédérales sont rentrées dans la capitale tigréenne,  forte de 500 mille âmes. La bataille de Mekele a donc eu lieu, avec un nombre indéterminé de victimes, avec la guerre contradictoire des communiqués et dans cette région fermée à laquelle est venue s’ajouter la coupure des moyens de communication, on ne sait plus à quoi s’en tenir. Seule certitude, un désastre humanitaire est né avec 43 000 exilés au Soudan qui réclame 150 millions de dollars pour y faire face.

Après l’échec des diverses médiations, et l’ultime tentative de l’UA de privilégier le dialogue à la canonnière, c’est l’assaut final sur le TPLF, et selon le chef de l’armée éthiopienne le général Berhanu Jula, ses troupes ont pied dans Mekele, devenu ville-fantôme, exception faite du patron du TPLF Debretsion Gebremichae qui  continue à parler de «résistance».

Apparemment les troupes éthiopiennes sont rentrées dans Mekele, aidées par Asmara, qui supporte mal, les roquettes tirés par les Tigréens sur son aéorport, et qui veut aussi étriller ces séparatistes à leur frontière.

Le premier ministre Abiy Ahmed semble avoir pris Mekele. Mais est-ce pour autant qu’il a résolu le problème de ces irréductibles Tigréens ? Non, Addis-Abeba a sans doute rabattu le caquet à ces rebelles, mais la question tigréenne demeure dans son entièreté irrésolue.

Oromo, élu premier ministre Abiy Ahmed a incarné tous les espoirs pour faire de l’Ethiopie une Nation, car c’était la première fois qu’un Oromos accédait à cette fonction. Il est d’ailleurs un peu aussi le problème actuel de l’Ethiopie, puisque les Tigréens qui avaient les leviers du pouvoir se sont sentis écartés et ont décidé de se mettre sur le sentier de la guerre.

Sans doute comprend-t-on Abiy Ahmed qui comme tout responsable d’un pays ne saurait admettre une partition de l’Ethiopie. Mais il lui faudra associer désormais la palabre verbale, des médiations, un zeste de diplomatie, bref la politique pour rassembler tous les Ethiopiens. Car, le Tigré est tombé, mais demeurera une guérilla résiduelle, il y aura toujours une partie de la population qui regimbera, et une Ethiopie divisée.

Abiy Ahmed a sans doute appliqué ce qui est son droit, mais la cohésion nationale, la construction d’une nation ne peut se faire avec les seules baïonnettes .

La REDACTION

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