Revenus du Tour du Mali avec le maillot jaune, les cyclistes burkinabè ont été soumis à une contrainte inhabituelle. Chaque coureur devait rendre les pneus utilisés pendant la compétition, avant de rentrer en possession du gain de la répartition qui lui revient. Les premiers responsables du RCK et de l’AJCK ont vigoureusement réagit.
Habitué à se tailler la part du lion sur les différents Tour de la sous-région, voire même au-delà, le cyclisme burkinabè peine à se faire respecter depuis un certain temps. Le dernier Tour du Faso est encore frais dans les mémoires où les Ivoiriens et les Maliens entre autres, ont considérablement réduit le faussé qui leur séparait du cyclisme burkinabè. Dans ces conditions végétatives, ils n’étaient pas nombreux à espérer un retour triomphal des Etalons, à ce Tour du Mali. Quelque peu mal engagé au départ, les Etalons grâce à leur expérience, vont profiter de la naïveté tactique des Maliens pour arracher le maillot jaune, sur la 3e et dernière étape de ce Tour 2018.
Rentrer au pays, la FBC aurait exigé la restitution de la dotation des pneus, avant de rentrer en possession de leur part du butin dans la répartition des gains cumulés au Mali. Un peu comme si après un match des Etalons footballeurs, on demandait aux joueurs de restituer les madres. Impensable. Au CHAN par exemple, sauf erreur de notre part, les joueurs ont reçu chacun 4 paires. 2 pour les matchs et 2 pour les entraînements. Il est d’ailleurs de notoriété que seulement quelques-uns les portent, mais il ne viendra à l’idée de personne de les leur réclamer à la fin de la compétition.
Pour ce qui est du cyclisme, cette exigence nous semble plutôt absurde, à moins que des raisons valables viennent nous contredire. Et l’interrogation récurrente dans cette affaire, est celle de savoir ce que la FBC va faire de ces pneus usagés. Va-t-elle les réattribuer aux sélectionnés de la prochaine compétition, notamment le Tour du Togo ? Est-il concevable que la sélection nationale se présente sur la ligne de départ de cette compétition chaussée de pneus usagés au risque de subir des crevaisons ? Dans lequel cas, cela voudra-t-il dire que la FBC qui a souvent besoin de vélos de clubs pour faire bonne figure n’est pas capable de chausser ses coureurs ? D’ailleurs, la réaction du président du RCK, et ancien président de la fédération va dans ce sens. «Savez-vous combien de fois les Etalons cyclistes regroupés en sélection nationale ont utilisé les vélos de leur club ? Sur les 3 équipes du pays, pouvez-vous me dire combien ont utilisé les vélos de la fédération ? Monsieur le président, connaissez-vous combien et comment les responsables de clubs déboursent pour les vélos, matériels et entretien des coureurs ? Interroge le président Alassane D. Ouangraoua dans une correspondance adressée au président de la FBC, avant de poursuivre… ces cyclistes, avant d’être présélectionnés et sélectionnés, usent les vélos, les pneus et le matériel du club avant la compétition. A cette compétition également, ils utilisent les vélos et le matériel de leur club qui ne sont changés que lorsqu’ils ont subi un dommage quelconque pendant la compétition».
Pour l’ancien président de la FCB, s’il existe à chaque sortie des Etalons cyclistes une rubrique «matériels», c’est à se demander à quel dessein répond cette volonté de récupérer les pneus déjà utilisés ? «Soyez informé que les gains accumulés par les cyclistes pendant les compétitions constituent leur droit, et ne peut en aucun cas, faire l’objet d’un chantage quelconque», mentionnera-t-il.
Mécontent de la rétention du gain de ses 2 coureurs ayant pris part au Tour du Mali, le président de l’AJCK, Amédée Ignace Béréwoudougou y est également allé de sa plume. Dans une lettre adressé au capitaine Yasnémanégré Sawadogo, dont nous avons eu copie, celui-ci s’indigne en ces termes : «C’est bien la première fois qu’après une compétition internationale, une telle condition est posée à des coureurs qui, plus ont honorablement défendu le drapeau burkinabè». Embouchant la même trompette que le président du RCK, Béréwoudougou souligne ceci. «Monsieur le Président, je ne sais plus à quelle hauteur se situent les préjudices que j’ai subi en mettant mon matériel à la disposition de la sélection nationale pour les compétitions, aussi bien au Burkina qu’à l’extérieur. Mais en tant que passionné de la discipline, en tant que Burkinabè, rêvant du rayonnement du cyclisme de mon pays, j’ai toujours considéré cela comme un devoir de citoyenneté ». Soulignant les sacrifices consentis par les présidents pour faire vivre les clubs, sans sponsors, dans un contexte économique difficile, le président Béréwoudougou mentionnera qu’il est «outré» de constater que le droit aux efforts communs réalisés au Mali soit conditionné par la remise de pneus de compétition.
Visiblement remonté par l’ensemble des œuvres de l’actuel patron du cyclisme burkinabè, le président Amédée Ignace écrira : «Monsieur le Président, un pneu en plus ou en moins, ce n’est pas cela ma véritable préoccupation. Ce qui m’indigne depuis votre prise en main de la Fédération burkinabè de cyclisme, c’est le peu de considération que vous avez envers les dirigeants de clubs que nous sommes… ». On l’aura compris, les pneus brûlent entre le président de la FBC et certains clubs. Là-dessus, c’est à se demander si la dernière sélection ne contient pas quelques germes de sanctions. Sur les 8 coureurs présélectionnés pour le Tour du Togo, le RCK et l’AJCK ne comptent qu’un coureur chacun. 3 sont sociétaires de l’USFA. Tan Aliz, l’AS SIFA et l’AS Bessel en compte chacun 1 également. Il n’y a pas à dire, le vélo burkinabè grince !
Hamed JUNIOR


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