8 républiques, un empire et moult rebellions à tiroir, voilà l’itinéraire de la République centrafricaine (RCA) depuis les années 60 à ce dimanche 28 décembre 2025 où se sont déroulées concomitamment une présidentielle, des législatives et régionales et des municipales.
7 candidats sont sur la ligne de départ pour le fauteuil présidentiel dont le président sortant Archange Touadera qui brigue ainsi un 3e mandat concocté au forceps après le référendum polémiqué du 30 juillet 2023. Les enjeux logistiques, organisationnels et sécuritaires ont été levés pour la tenue de ces votes ce dont il faut se féliciter.
La RCA revient de loin et si Catherine Samba-Panza a bien noué son pagne pour tenir la maison face aux 2 belligérants la Seleka et les anti-Balaka, Touadera a hérité d’un pays tenu en laisse par la communauté internationale mais aussi d’une RCA dont se repaissent une kyrielle de mouvements politico-militaires. Le quadruple scrutin de ce 28 décembre est déjà en soi une victoire pour Touadera qui aura réussi le pari de les tenir dans une ambiance pacifique, ce qui est comptabilisé dans la prime au sortant. Même s’il faut bémoliser cet état de fait car la sécurisation de ces élections l’a été par les partenaires stratégiques les Russes, les Rwandais et bien sûr les FACA.
Anicet Georges Doléguélé et André Marie Dondra les deux challengers et le 4 autres adversaires de Touadera se sont bien battus, un Doléguélé est à son second essai, il fut Premier ministre de la RCA , de même que Dondra mais les jeux étaient faits et ils ne peuvent pas gagner cette présidentielle face à Touadera. Avec ou sans le boycott d’une partie de l’opposition, peu d’indétermination et de suspense quant à l’issue de la présidentielle, le « 1 coup KO » est certain.
Touadera III s’installe et avec lui, la seule bataille qui vaille est celle de la poursuite de la sécurisation du pays. Bien que des accords de paix aient été signés entre Touadera et les 3R , l’UPC et le MPC sous l’égide du Tchad, rien n’est réglé et la paix durable et véritable reste une gageure dans l’ex Oubangui-Chari.
-Quittons l’Afrique Centrale et allons en Afrique de l’Ouest à une bonne trotte de Bangui en Guinée Conakry où un autre homme a mis aussi son fauteuil de président en jeu hier 28 décembre : le Général Mamadi Doumbouya. Ici aussi point d’angélisme politique l’homme du 5-Septembre a verrouillé l’élection qu’il va la remporter haut la main, face aux 8 prétendants . Ici aussi on retrouve la même configuration concernant le caractère infirme des adversaires du Général après la mise à l’écart de Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et Sidya Touré. En effet, quelques figures font … bonne figure notamment Lansana Millimono ou Alpha Baldé.
Et encore dans une atmosphère orwellienne avec une mise au pas de la classe politique des disparitions comme celles de Foniké Menguè et Billo Bah ou du journaliste Habib Marouane…Ce qui n’a manifestement pas empêché certains militaires de tenter de renverser Doumbouya à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote ( lire page 3).
Des velléités déstabilisatrices qui en disent long sur la situation nationale fragile en Guinée malgré les 4 années « doumbouyayesques» !
Les 6,7 millions d’électeurs guinéens qui ont voté hier sans anicroches et sous l’œil de securocrates armés, vont donner leur onction à Mamadi Doumbouya et 4 années après l’intrusion par les armes de l’ancien Légionnaire dans la sphère politique voici sonner l’ère de Doumbouya II, lequel veut acter la fin de la Transition, se débarrasser du corset kaki et avoir enfin un bail civil. En attendant la proclamation des résultats pour officialiser cette élection, le Général peut se targuer d’avoir organisé cette présidentielle censée marquer le retour à un vie constitutionnelle normale et à un nouveau départ politique. Quel sort pour les opposants ? Les activités politiques vont-elles reprendre ? Quelle sera la marque de fabrique de Doumbouya II ? Que fera t-il face par exemple à la question migratoire qui frappe son pays face à l’exode massif des jeunes souvent au péril de leurs vies ?
Sous quels auspices placera t-il ce mandat ? Va-t-il profiter de ce quinquennat pour policer son régime ou serait-ce toujours avec une main de fer qu’il gouvernera ? Quelle Guinée sous Doumbouya II alors que les eaux du fleuve Konkouré restent passablement troubles ?
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA


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